Partager:
Ancienne star du cricket, devenu Premier ministre du Pakistan en 2018 sur la promesse de lutter contre la corruption et d'aider les plus pauvres, Imran Khan reste très populaire malgré sa condamnation samedi qui réduit à néant ses chances de revenir au pouvoir.
Chassé de son poste en avril 2022 à la suite d'un vote de défiance, l'ex-Premier ministre s'était engagé à gouverner le pays une seconde fois et a mené une campagne, risquée et sans précédent, à l'encontre de l'armée, une institution toute puissante au Pakistan, qu'il accuse d'avoir abandonné son parti.
Déclaré coupable par un juge d'Islamabad, Imran Khan, âgé de 70 ans, a été conduit samedi en prison pour purger une peine de trois ans d'emprisonnement, à quelques mois des élections générales prévues d'ici à la fin de l'année.
Confronté à plus de 200 affaires judiciaires motivées selon lui par des considérations politiques, le charismatique politicien reste néanmoins extrêmement populaire.
Sa première vidéo sur TikTok, en juillet, a été visionnée plus de 135 millions de fois au cours des 36 premières heures. Mais la survie de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), demeure incertaine sans lui à la barre.
En novembre, il accuse le Premier ministre Shehbaz Sharif et un officier supérieur de l'armée d'avoir comploté pour l'assassiner lors d'un meeting électoral où il avait été blessé par balle à une jambe.
Lorsqu'il arrive au pouvoir en 2018, M. Khan bénéficie d'un large soutien populaire en promettant de lutter contre la corruption et d'améliorer le sort des personnes pauvres dans ce pays de 220 millions d'habitants, en proie à de graves difficultés économiques.
Joueur de cricket polyvalent, un sport immensément populaire au Pakistan, il a été élu par des millions de personnes qui ont grandi en le regardant jouer et mener le pays à la victoire de la Coupe du monde en 1992.
Avec son parti, il a mis fin à des décennies de domination du Parti du peuple pakistanais (PPP) et de la Ligue musulmane du Pakistan-N (PML-N), les deux grands partis pakistanais, habituellement en conflit, qui ont uni leurs forces pour l'évincer du pouvoir.
M. Khan souhaitait faire du Pakistan un État-providence sur le modèle de l'âge d'or islamique, du VIIe au XIVe siècle, une période de prospérité culturelle, économique et scientifique dans le monde musulman.
Il n'a cependant guère réussi à améliorer la situation financière du pays, l'inflation galopante, la dette écrasante et la faiblesse de la roupie sapant les réformes économiques.
Sous son mandat, la sécurité s'est détériorée dans le pays, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021.
Mais le coup le plus dur porté à son leadership a été sa brouille avec les militaires, les faiseurs de roi du pays qui peuvent décider de l'ascension et de la chute d'un gouvernement.
- 'Jusqu'à la dernière balle' -
Ce fils d'une riche famille de Lahore, diplômé d'Oxford, marié trois fois après avoir entretenu pendant sa carrière sportive une réputation de play-boy, s'est aussi vu reprocher sa complaisance envers les religieux radicaux.
Marié en troisièmes noces en 2018 avec Bushra Bibi, issue d'une famille conservatrice et qui porte le voile, il a défendu avec véhémence une loi controversée sur le blasphème.
Entré dans la politique sur la pointe des pieds, il a occupé pendant des années le seul siège parlementaire du PTI.
Mais le parti s'est considérablement développé sous le gouvernement militaire du général Pervez Musharraf, devenant une véritable force lors des élections de 2013 avant de remporter la majorité cinq ans plus tard.
Souvent décrit comme impulsif et effronté, M. Khan a souvent recours à des analogies avec le cricket pour décrire ses batailles politiques. "Je me bats jusqu'à la dernière balle", a-t-il déclaré lors d'une interview télévisée.