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L'opposant paraguayen Paraguayo Cubas, arrivé troisième à l'élection présidentielle de dimanche, et dont des partisans ont manifesté ces derniers jours en dénonçant une fraude, a été interpellé vendredi pour "trouble à l'ordre public" et placé en détention préventive.
M. Cubas a été arrêté sans opposer de résistance à sa sortie d'un hôtel de San Lorenzo, dans la grande banlieue de la capitale Asuncion. Il a été placé en détention préventive, a indiqué à la presse le chef de la police paraguayenne Gilberto Fleitas.
Paraguayo Cubas, 61 ans, ancien parlementaire, et candidat autoproclamé "anti-système" au virulent discours anti-parlementaire et anti-fonctionnaires, a créé la surprise en arrivant troisième de l'élection présidentielle avec 22,9% des suffrages.
Santiago Peña, un économiste de 44 ans du Parti Colorado (conservateur) au pouvoir depuis sept décennies au Paraguay, a été largement élu président, avec 42,7 % des voix, contre 27,4 % à son principal rival de centre-gauche Efrain Alegre.
M. Cubas, et son parti Cruzada Nacional, a stigmatisé après l'élection "la +mafia+, les +narcotrafiquants+ qui ont gagné alors que le Paraguay a perdu", et a dénoncé des irrégularités ou inconsistances. D'autres dans son camp, telle son épouse la sénatrice Yolanda Paredes, ont dénoncé un "sabotage".
Au lendemain de l'élection, lundi soir et dans la nuit, des partisans de M. Cubas avaient manifesté et érigé des barrages routiers en divers points du pays. Plus d'une centaine de personnes ont été interpellées au fil de la semaine pour troubles à l'ordre public ou refus d'obtempérer. A Asuncion, de brefs accrochages avaient eu lieu avec la police lundi soir.
M. Cubas a depuis encouragé les manifestants à continuer.
Vendredi après-midi, il a été appréhendé sans aucun incident, et a même publié sur son compte Facebook son parcours dans la voiture de police, où il devisait tranquillement avec les policiers.
- Election validée par les observateurs -
"Ils m'emmènent arrêté et menotté comme un délinquant, alors que les vrais sont libres et continuent de dominer le pays", a-t-il posté un peu plus tard.
Le commissaire de police Carlos Benitez a assuré sur ABC-TV que M. Cubas s'est montré "très calme, très coopératif", ne causant aucun "inconvénient".
Il a aussi évoqué un rassemblement "d'environ 300 partisans" du politicien en direction de la division de police où était détenu M. Cubas, à laquelle un important cordon de police barrait tout accès.
A la suite des accusations d'irrégularités du camp Cubas, le Tribunal électoral, qui cette semaine était en cours de validation des résultats des urnes électroniques, a assuré qu'"il n'y a aucune possibilité de fraude, les résultats sont l'expression des citoyens, que cela plaise ou non".
La mission d'observateurs de l'Organisation des Etats Américains (OEA) a pour sa part affirmé qu'"il n'existe aucune raison qui mette en doute les résultats présentés par l'Autorité électorale", et que les résultats communiqués "coïncident avec les informations recueillies par nos observateurs".
La mission d'observation de l'Union européenne a elle aussi estimé que les élections ont été "bien organisées, transparentes et professionnelles", a déclaré à l'AFP la cheffe-adjointe de mission, Tania Marques. Même s'il y a eu des "plaintes et dénonciations", et que la mission "continue d'observer le processus".
Député dans les années 90, puis sénateur en 2018, M. Cubas avait été expulsé du Sénat l'année suivante pour mauvaise conduite, notamment insulte à une élue et coups portés à des policiers. Le Sénat avait voté le retrait de son investiture.