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Pays-Bas: la politique d'immigration fait tomber le gouvernement

Le gouvernement de coalition du Premier ministre néerlandais Mark Rutte est tombé vendredi après des négociations houleuses entre les quatre partis au pouvoir autour de la politique d'accueil des réfugiés.

M. Rutte, Premier ministre le plus longtemps en place de l'Histoire des Pays-Bas, menait depuis plusieurs jours des discussions avec ses partenaires, mais ils ne sont pas parvenus à sceller un accord ensemble.

De nouvelles élections législatives doivent être convoquées et les Néerlandais devraient être appelés aux urnes en novembre, rapportent les médias nationaux.

"Ce soir, nous devons malheureusement tirer la conclusion que les différences sont insurmontables", a déclaré M. Rutte au cours d'une conférence de presse extraordinaire à La Haye.

"Pour cette raison, je vais présenter très prochainement au roi ma démission écrite, au nom de tout le gouvernement", a poursuivi le leader du parti de droite libérale VVD.

M. Rutte a ajouté qu'il a encore "l'énergie" de se présenter comme tête de liste de son parti aux législatives afin de viser un cinquième mandat, mais qu'il devait dans un premier temps y "réfléchir".

- "Pas un mariage heureux" -

Surnommé "Teflon" pour sa capacité à rester au pouvoir depuis 12 ans malgré les scandales, M. Rutte avait pris les rênes de sa quatrième coalition en janvier 2022 après un record de 271 jours de négociations.

Mais le chef du gouvernement avait semé ces derniers jours le trouble chez ses partenaires de la droite et du centre, en exigeant d'eux l'adoption d'une série de mesures clivantes autour de l'accueil des demandeurs d'asile.

La coalition, qui selon la presse néerlandaise n'était pas un "mariage heureux", a dû faire face l'année dernière à un important scandale lié à sa gestion des centres d'accueil de réfugiés, surpeuplés, en particulier le centre d'enregistrement des demandeurs d'asile de Ter Apel devant lequel des centaines de personnes ont été forcées de dormir dehors et où un bébé est décédé, même si la cause exacte de sa mort n'a pas encore été déterminée.

En réaction, le Premier ministre néerlandais avait promis une "solution structurelle" au problème après ce qu'il a qualifié de "scènes honteuses" dans les centres pour demandeurs d'asile.

Mark Rutte exigeait des trois autres partis de la coalition au pouvoir, les chrétiens-démocrates du CDA, les centristes libéraux du D66 et la petite formation protestante ChristenUnie, qu'ils acceptent d'instaurer un quota du nombre d'enfants en provenance de zones de conflits pouvant obtenir l'asile aux Pays-Bas.

Les réfugiés déjà établis aux Pays-Bas ne seront plus autorisés à y être rejoints par leurs enfants si un quota mensuel de 200 enfants est déjà atteint, a-t-il également demandé.

Mais deux partis plus souples sur l'immigration, la ChristenUnie et le D66, sont opposés à ce projet.

La ChristenUnie, dont une importante partie des électeurs se trouvent dans la "Bijbelgordel", la Ceinture de la Bible, une zone conservatrice du pays, est en raison de ses convictions religieuses traditionnellement opposée à un durcissement de la politique d'accueil des demandeurs d'asile.

- "Inquiet" -

Une foule de badauds a commencé à se rassembler devant des bâtiments du gouvernement où se déroulaient les pourparlers dans le centre historique de La Haye, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je suis assez inquiet. Je m'inquiète de ce à quoi le prochain gouvernement ressemblera", a déclaré Marijn Philippo, informaticien de 19 ans.

"J'espère que le prochain gouvernement sera mieux que celui-ci, notamment sur le sujet de l'asile", a ajouté Pieter Balkenende, 32 ans.

Depuis le début de son premier mandat en 2010, M. Rutte et sa formation de droite libérale ont dû faire face à la concurrence et à la pression de plusieurs partis d'extrême droite, en particulier le PVV de Geert Wilders, farouchement opposés à l'immigration.

Avec la convocation d'élections législatives, la course aux sièges de députés s'annonce rude pour les partis du gouvernement sortant alors qu'une nouvelle formation pro-agriculteurs opposée à des réglementations environnementales de l'Union européenne a obtenu le plus de sièges lors des élections régionales de mars, qui déterminent également la composition du Sénat.

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