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Les manifestations ont baissé en intensité mercredi au Pérou, au lendemain de l'avancée à 2024 de nouvelles élections, la présidente Dina Boluarte annonçant de nouveaux ministres alors qu'une brouille diplomatique est en cours avec le Mexique à propos du soutien au président destitué.
"Je ne suis pas d'accord (avec 2024). Ils ne veulent pas quitter le pouvoir. Je veux que ce soit en 2023", a dit à l'AFP Senayda Rivas, responsable touristique de 40 ans à Cuzco où les visites du Machu Picchu, le joyau touristique du Pérou, ont été suspendues le 14 décembre en raison des violentes manifestations qui on fait 22 morts, selon un dernier bilan mercredi du Défenseur du peuple.
La situation était calme à Cuzco. Mardi encore, des centaines de personnes, pour la plupart des femmes vêtues de tenues traditionnelles, ont défilé avant de brûler un cercueil en carton avec l'effigie de la présidente.
Mme Boluarte, qui cèdera sa place en juillet 2024 au vainqueur de l'élection présidentielle, selon les décisions votées par le Parlement monocaméral qui a avancé mardi les élections générales de 2026 à avril 2024, a remodelé son gouvernement.
Un nouveau Premier ministre, le deuxième en deux semaines, Alberto Otarola, un avocat, succède à Pedro Angulo.
Alberto Otarola était jusqu'ici le ministre de la Défense qui a géré les violences générées depuis la destitution du président Pedro Castillo le 7 décembre. Il a déclaré l'état d'urgence, permettant aux forces armées de faire du maintien de l'ordre.
"La confrontation et la polarisation ont fait beaucoup de mal au pays, nous devons tourner cette page et nous remettre au travail", a déclaré la présidente mercredi.
"Heureusement, les transports ont été rétablis dans les aéroports et sur les routes principales", a pour sa part déclaré le nouveau Premier ministre lors de sa première conférence de presse. "Certains sont encore occupés et l'appel à la population est de cesser cette attitude d'extrême violence, qui heureusement s'est calmée".
- "On n'expulsera personne" -
Président radical de gauche élu en 2021, Pedro Castillo avait été arrêté pour rébellion alors qu'il était sur le chemin de l'ambassade du Mexique, où il voulait demander l'asile.
Le gouvernement péruvien a concédé mardi un sauf-conduit à la famille du président déchu pour qu'elle puisse quitter le pays, en application de conventions internationales.
L'épouse et les deux enfants mineurs de M. Castillo se trouvent depuis mardi matin à l'ambassade du Mexique à Lima et y ont obtenu "l'asile diplomatique".
Le gouvernement péruvien, qui a perçu le soutien du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador à Pedro Castillo comme une "ingérence", a déclaré mardi persona non grata l'ambassadeur mexicain à Lima, Pablo Monroy, et lui a donné "72 heures pour quitter" le pays.
Mexico a réagi dans la foulée avec un communiqué en rappelant son ambassadeur "afin de préserver sa sécurité et son intégrité physique", tout en assurant que sa représentation diplomatique continuerait à fonctionner.
Mercredi, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a ajouté que le ministère mexicain des Affaires étrangères "a décidé de ne pas rompre les relations" avec le Pérou afin de "donner une protection aux Mexicains qui vivent au Pérou", a déclaré le président à la presse. "On n'expulsera personne" en rétorsion, a-t-il souligné.
La décision péruvienne est "infondée et condamnable", a réagi M. Ebrad sur Twitter. "La conduite de notre ambassadeur a été conforme à la loi et au principe de non-intervention. Le Mexique ne changera pas de position", a-t-il ajouté.
Fin 2021, le président mexicain avait déjà soutenu son homologue péruvien en critiquant les tentatives du Parlement de le démettre de ses fonctions.
Andrés Manuel Lopez Obrador, conjointement à d'autres dirigeants de gauche d'Amérique latine (Argentine, Bolivie et Colombie), avait réitéré son soutien à Pedro Castillo après le 7 décembre et son coup d'Etat manqué.
La ministre péruvienne des Affaires étrangères, Ana Cecilia Gervasi, a par ailleurs rappelé que l'épouse de M. Castillo, Lilia Paredes, faisait l'objet d'une enquête du ministère public péruvien, qui la soupçonne d'être une possible coordinatrice dans une organisation criminelle que son mari aurait dirigée.
Elle a précisé que le gouvernement péruvien se réserverait le droit de demander son extradition si la justice locale l'exigeait.