Partager:
Le Parlement péruvien a rejeté jeudi une nouvelle proposition visant à avancer les élections à la fin de cette année et prévoyant aussi la tenue d'un référendum sur une assemblée constituante dans l'espoir de calmer l'actuelle vague de manifestations.
Le projet de loi, présenté par le parti de gauche Peru Libre, a été rejeté par 75 députés, tandis que 48 ont voté pour et deux se sont abstenus.
"La réforme n'a pas atteint le nombre de voix (...) par conséquent le projet de loi n'a pas été approuvé", a déclaré José Williams, président du Congrès, après un débat qui a duré un peu plus de quatre heures.
Suite à ce quatrième rejet, le parlementaire Jaime Quito, auteur de la proposition, a déclaré que "le Congrès doit fermer. Ce qui va se passer, c'est que Dina Boluarte devra démissionner".
Cette demande a été répétée par les manifestants, pour la plupart originaires de la région andine, qui sont à nouveau descendus dans les rues de la capitale Lima jeudi.
Sur la place Dos de Mayo, des centaines de personnes ont défilé pour demander la démission de la présidente Boluarte et le retour de l'ancien président Pedro Castillo.
- "Responsabilité historique" -
"Qu'elle (Dina Boluarte) démissionne le plus vite possible, et qu'il y ait des élections le plus vite possible", a déclaré Marie Yucra, une céramiste de 30 ans venue du district de José Domingo de Choquehuanca à Puno (Sud).
Les manifestants s'en sont également pris aux "vendus de la presse" et ont montré leur méfiance à l'égard des journalistes en général, car ils considèrent que leur couverture favorise le gouvernement péruvien.
Dans la matinée, des dizaines d'autres personnes se sont rassemblées devant le siège des principales chaînes de télévision privées du pays pour exprimer leur mécontentement.
Des femmes de la communauté aymara du sud-est du Pérou, certaines accompagnées de bébés, ont scandé des slogans contre la police.
La contestation a déjà fait 48 morts en sept semaines.
C'est la quatrième fois depuis décembre que le Congrès rejette un projet de loi visant à avancer le scrutin prévu en avril 2024. Mercredi, après le troisième rejet, la présidence avait "immédiatement" présenté une nouvelle initiative visant à organiser des élections en octobre de cette année.
Les troubles ont éclaté après la destitution et l'arrestation le 7 décembre du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
Sa vice-présidente Dina Boluarte l'a remplacé début décembre, en vue de terminer le mandat de son prédécesseur jusqu'en 2026.
En décembre, le Congrès avait avancé les élections à avril 2024, mais la présidence insite pour que l'organe législatif avance le scrutin à cette année, espérant ainsi calmer la contestation.
Dimanche, Mme Boluarte avait tenté de mettre la pression sur le Parlement, parlant de "responsabilité historique".
Le Parlement est divisé en plus de dix forces politiques, sans compter les indépendants. Aucun parti n'a la majorité absolue et chaque vote doit faire l'objet de négociations et d'alliances.
La gauche, qui a voté contre les élections anticipées, veut associer tout nouveau scrutin à un référendum sur une nouvelle Constitution, mais cette question est un des principaux points de discorde au sein du Parlement.