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La liste indépendantiste dirigée par l'ancien président de la Polynésie française Oscar Temaru a remporté dimanche le second tour des élections territoriales, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter.
Avec 44,2% des voix contre 38,5% pour la liste du président sortant Edouard Fritch, selon les résultats provisoires publiés par le Haut-commissariat, les indépendantistes ont obtenu une majorité absolue de 38 des 57 sièges de l'Assemblée territoriale qui leur permettra de gouverner pendant cinq ans la collectivité du Pacifique sud.
Cette victoire les place notamment en position de force face à l'Etat français pour négocier un processus de décolonisation et un référendum d'autodétermination.
"Les Polynésiens ont voté pour le changement. Le Gouvernement prend acte de ce choix démocratique", a réagi M. Darmanin sur Twitter. "Nous travaillerons avec la majorité nouvellement élue avec engagement et rigueur, pour continuer d'améliorer le quotidien de nos concitoyens polynésiens".
La troisième liste en présence, celle de l'ancien vice-président autonomiste Nuihau Laurey, a raflé 17,1% des voix, selon le décompte publié par le Haut-commissariat sur son site internet.
Le parti Tavini huiraatira d'Oscar Temaru, qui doit présenter le 10 mai le député Moetai Brotherson à la présidence du futur gouvernement, a bénéficié d'une grande partie des reports de voix des partis éliminés au premier tour du scrutin le 16 avril, qui ont tous fait campagne contre le président sortant.
Sa liste était arrivée en tête avec 34,9%, contre 30,46% à la liste autonomiste de M. Fritch et 14,53% à l'autre liste autonomiste de M. Laurey.
Nettement battu, Edouard Fritch, 71 ans, fait d'abord les frais de la mauvaise communication de son gouvernement pendant l'épidémie de Covid.
En dépit d'un bilan économique plutôt positif, la forte inflation subie par la Polynésie en 2022 (8,5%) lui a aussi été imputée par une partie de l'opinion, car il a instauré une nouvelle TVA pour préserver la sécurité sociale locale.
Moetai Brotherson, 51 ans, a fait campagne sur la suppression de cette taxe et plus généralement sur le pouvoir d'achat. Il a peu évoqué l'indépendance et a su séduire au-delà de cet électorat, capitalisant sur le rejet d'Edouard Fritch.
Le parti indépendantiste avait déjà remporté les trois sièges de députés dévolus à la Polynésie aux législatives de juin 2022, infligeant aux autonomistes la plus sévère défaite de leur histoire dans ce scrutin.
Mis en place en 2013 pour mettre un terme à l'instabilité politique qui agitait la Polynésie depuis 2004, le mode de scrutin accorde une forte prime à la liste arrivée en tête qui lui assure les trois quarts des sièges.