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Pour tourner la page des retraites, l'exécutif affiche une "accélération" tous azimuts

Maître-mot: "accélération". L'exécutif a affiché mardi sa volonté d'engager sans attendre des réformes tous azimuts, une tâche qui s'annonce très compliquée au lendemain d'une allocution d'Emmanuel Macron qui laisse sur sa faim le camp des opposants à la réforme des retraites.

Le chef de l'Etat, déterminé à reprendre l'initiative, s'est donné lundi "100 jours" pour agir "au service de la France".

Il a accueilli à 11H00 des représentants du patronat assez circonspects quant à l'objectif de boucler des mesures d'ici au 14-Juillet.

"Le dialogue social ça prend du temps", avait réagi lundi le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, laissant présager que le patronat ne se laisserait pas imposer de calendrier.

Les syndicats, qui ont décliné l'invitation, espèrent une démonstration de force dans la rue le 1er-Mai, et ont demandé un "délai de décence" avant d'éventuellement revenir négocier.

Mais ça n'a pas empêché M. Macron de leur donner dès mardi leur feuille de route.

Ils sont chargés de négocier avec le patronat un "pacte de la vie au travail", aux contours encore flous, "jusqu'à la fin de cette année".

Ils devront également se lancer dans des négociations - aussi avec les collectivités territoriales - pour aboutir "d'ici à l'été" à "un projet de loi" sur les lycées professionnels.

Les ténors du gouvernement, qui ont ratissé les matinales radio et télé mardi, avaient amorcé très tôt cette offensive de sortie de crise.

- Même sur la dette -

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a souhaité "un projet de loi fort" sur l'immigration, ajourné pour cause de contestation sociale et en l'absence de garantie du vote LR. "Je suis sûr qu'avec les Républicains on peut s'entendre sur cette question", s'est-il avancé.

Des voix LR avaient pourtant manqué pour le projet de loi reportant l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. L'exécutif avait dû engager la responsabilité du gouvernement, sauvé à neuf voix près.

De son côté, le ministre du Budget, Gabriel Attal, s'est engagé à "continuer à bâtir un plan Marshall pour les classes moyennes", avec des mesures sur les salaires et les services publics.

Même sur la dette, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé qu'il entendait "accélérer le rythme de désendettement" de la France pour éviter de "jeter l'argent par les fenêtres" en période de forte remontée des taux d'intérêts.

Lundi soir, le président de la République avait également évoqué comme chantiers la santé, l'éducation ou la lutte contre la délinquance et la fraude.

La Première ministre, Elisabeth Borne, présentera sa feuille de route la semaine prochaine en Conseil des ministres, selon son entourage.

Une manière d'occuper le terrain pour passer enfin à la suite d'un deuxième quinquennat entravé par la crise politique et sociale des retraites?

"Restreindre les préoccupations des Français à la seule question des retraites, ce serait ça être à côté de la plaque", a affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, résumant l'état d'esprit d'un exécutif qui rêve de fermer cette parenthèse.

- "Rapport de force social" -

Car la contestation reste forte malgré la validation de la loi par le Conseil constitutionnel vendredi et sa promulgation dans la foulée.

Selon le ministère de l'Intérieur, 24.000 personnes ont manifesté lundi soir en France pendant l'allocution du président Macron, en tapant sur des casseroles. A Lyon, Caen ou Paris, certains rassemblements ont donné lieu à des dégradations et 60 personnes ont été arrêtées, de même source.

Près de 15,1 millions de téléspectateurs selon Mediamétrie ont cependant regardé le président, adepte de ce type de prise de parole, sans questions ni contradiction.

Immédiatement après son allocution, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait fustigé "un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret". "On ne répond pas quand on nous siffle", s'était-il agacé.

"Dans les chantiers qu'il nous liste je vois soit des choses très concrètes qui divisent profondément", comme la réforme des lycées professionnels ou le RSA, ou des points "totalement obscurs et très généraux" comme sur les salaires, a critiqué son homologue à la CGT Sophie Binet.

Les oppositions également ne désarment pas. "Nous continuerons de nous battre", a promis mardi Fabien Roussel (PCF).

Le "rapport de force social" lors de la mobilisation du 1er-Mai sera crucial, a abondé Clémentine Autain (LFI). "Il doit être le seul en France à croire que cette intervention (...) va servir à quelque chose", a ironisé sur France Inter Jean-Philippe Tanguy (RN).

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