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Quelques poussières chez Pratt&Whitney grippent des plannings de vols déjà tendus

Des "contaminants microscopiques" dans des moteurs du constructeur Pratt&Whitney risquent de gripper ces prochains mois les plannings de nombreuses compagnies aériennes qui peinaient déjà à répondre à la reprise post-Covid.

"Une portion importante" des moteurs PW1100G-JM --équipant l'Airbus 320neo-- va devoir subir une inspection anticipée dans les neuf à douze mois à cause d'un défaut dans une poudre de métal confectionnée au sein de RTX (ex-Raytheon), maison mère de Pratt&Whitney, et utilisée pour fabriquer des disques de turbine haute pression.

Pas de danger immédiat, simplement un risque d'usure précoce, a assuré le groupe le 25 juillet.

Cette contamination affecte potentiellement 1.200 moteurs produits entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2021, sur les quelque 3.000 fabriqués en tout.

"Nous travaillerons avec Pratt&Whitney et nos clients pour mettre en oeuvre tous les plans d'inspection requis", a réagi le constructeur aéronautique européen Airbus.

L'autorité américaine de l'aviation (FAA) a indiqué cette semaine à l'AFP être "au courant du problème et être en contact avec Pratt&Whitney et avec les opérateurs américains affectés", affirmant qu'elle "s'assurera que toutes les mesures appropriées seront prises".

Mais quasiment aucun détail n'a filtré et les compagnies aériennes restaient toujours, trois semaines après l'annonce, dans l'expectative au moment de finaliser leurs rotations hivernales, déjà compliquées par des pénuries chez leurs fournisseurs et par des problèmes liés au sous-effectif dans le secteur aérien.

L'inspection de quelque 200 moteurs doit être lancée dès mi-septembre, pour une durée d'immobilisation non précisée à ce stade.

"Le temps d'immobilisation va surtout dépendre de la disponibilité des baies de maintenance et elles ne le sont pas beaucoup actuellement", a expliqué à l'AFP Michel Merluzeau, du cabinet spécialisé AIR.

- Troc -

Pour hâter la remise en service, il serait possible selon lui de remplacer les moteurs susceptibles de présenter cette anomalie par des moteurs neufs mais "la cadence de production est déjà très, très, tendue" à cause des problèmes d'approvisionnement.

Dans le lot rappelé dès septembre, se trouvent jusqu'à treize moteurs de la compagnie américaine à bas coûts Spirit Airlines.

Conséquence? "Sept avions Neo vont être retirés du service", a prévenu son patron Ted Christie.

"Le projet est de commencer à les retirer après Labor Day", équivalent de la Fête du Travail, célébrée le 4 septembre cette année aux Etats-Unis et au Canada, a-t-il ajouté, précisant que la compagnie allait par précaution considérer ces appareils indisponibles jusqu'en fin d'année.

Spirit possède le plus grand nombre d'avions équipés de ce moteur aux Etats-Unis, et le plus grand nombre de moteurs fabriqués entre 2015 et 2021. Sa flotte d'A320neo est actuellement autour de 80 appareils, selon son site internet.

"C'est un nouveau développement frustrant et décevant", a déploré M. Christie, rappelant que plusieurs avions avaient déjà dû rester aux hangars pour des problèmes mécaniques distincts.

"Nous allons avoir l'équivalent d'au moins dix avions hors service pendant la majorité de 2024", a-t-il affirmé.

Et même si Pratt s'est engagé à dédommager en "totalité", "nous n'avons aucun détail ni calendrier de ces remboursements".

Les dix-huit avions de la compagnie régionale Hawaiian Airlines ont tous été livrés dans la période critique, s'est inquiété son patron Peter Ingram, rappelant de récentes immobilisations prolongées pour cause de pénuries en pièces détachées de moteurs.

Avec l'annonce de RTX, maison mère de Pratt&Whitney, "nous allons regarder si nous devons prendre des mesures au niveau de nos plannings pour réduire l'impact de la pénurie d'avions", a-t-il relevé, tout en se montrant optimiste car de nombreuses pièces ont été changées au fil des ans lors d'entretiens successifs.

La compagnie JetBlue a été prévenue qu'elle faisait également partie du lot de septembre, sans autre détail, a indiqué sa directrice financière Ursula Hurley, précisant que les projections du groupe pour l'année n'incluaient pas l'impact de ces immobilisations.

Selon plusieurs médias, les compagnies allemande Lufthansa, américaine Delta, indienne Indigo, néo-zélandaise Air New Zealand, hongroise Wizz Air et mexicaine Volaris sont aussi concernées, à moindre échelle.

Pour M. Merluzeau, ce problème ne devrait néanmoins pas inciter Airbus --qui se fournit également en moteurs auprès du consortium pour son A320neo-- à rompre avec Pratt car il "semble très isolé".

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