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Adios America, retour en Europe: princesse de la pop et de l'"urbano latino", l'artiste espagnole Rosalia a terminé vendredi sa tournée américaine avec un méga-concert gratuit devant des dizaines de milliers de fans à Mexico.
A 30 ans à peine, la "Motomami" -son dernier album- a rejoint Roger Waters et Paul McCartney parmi les monstres sacrés qui ont embrasé Zocalo, la plus grande place d'Amérique latine.
Pas de batterie ni de héros des guitares avec elle: avec huit danseurs et sans aucun musicien, Rosalia conçoit des concerts pour le streaming, avec priorité aux chorégraphies et aux collages musicaux en play-back, d'une durée de moins de deux heures.
Au pied de la cathédrale construite par ses ancêtres ibériques, Rosalia a scellé les noces du reggaeton et du flamenco avec son show grandiose et minimaliste à la fois.
En rouge et noir, elle a aussi bouleversé 160.000 personnes -chiffres officiels- en reprenant a cappella "La Llorona", la chanson mexicaine immortalisée par Chavela Vargas.
Dans la foule, Angel Rojas, étudiant, la remercie d'avoir exporté "un peu de notre culture vers son pays". "On a la preuve que ça plaît ici au Mexique".
Le succès de Rosalia surfe sur la vague de l'"urbano latino", dont la capitale est Puerto Rico avec de gros vendeurs comme son compagnon, Rauw Alejandro, et bien sûr Bad Bunny, l'artiste le plus téléchargé au monde sur Spotify depuis trois ans (18.5 milliards d'écoutes en 2022...).
Chez elle en Espagne, la musicienne professionnelle piétine les terres des puristes du flamenco avec sa propre "bulerias" dont l'émotion incandescente tient au fil ténu de sa voix: "Je suis tout aussi +cantaora+ (chanteuse de flamenco) en chandail Versace qu'habillée en danseuse".
Pesant lourd dans l'industrie du divertissement, où l'espagnol talonne l'anglais, la brune qui pose nue sur la pochette de son disque peaufine aussi l'image de la voisine d'à côté , sympa et naturelle.
La veille du concert, des Mexicains l'ont repérée dans un gymnase, en train de soulever de la fonte comme madame tout monde. La vidéo amateur a fusé partout, malgré le véto de ses managers...
A son corps défendant, Rosalia s'est retrouvée au coeur d'une polémique politique locale.
Son show gratuit a été annoncé sur TikTok par la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, possible future présidente en 2024, ce qui serait une première au Mexique.
L'opposition a dénoncé une dépense inutile d'argent public.
Rosalia a chanté gratuitement avec la seule envie de rendre "l'amour" que les Mexicains lui donnent, a assuré la société Ocesa, chargée de la production technique.
"Motomami" reprendra la route de ses concerts -payants- en juin avec la saison des festivals en Europe: "Primavera sound" à Barcelone, Madrid et Porto, et plusieurs dates en France en juillet dont les Vieilles Charrues, avec des passages en Belgique et en Suisse.