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L'aide internationale pourra samedi être acheminée dans toutes les zones sinistrées de Turquie et de Syrie, où les secours ont réussi à extirper plusieurs enfants vivants des décombres du puissant séisme qui a tué plus de 24.000 personnes.
Le gouvernement syrien a autorisé vendredi "l'acheminement des aides humanitaires à l'ensemble" du pays - y compris les zones tenues par les rebelles en Syrie - où 5,3 millions de personnes risquent de se retrouver sans abri, a alerté l'ONU.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), agence spécialisée des Nations unies, a établi à 874.000 le nombre de personnes touchées par le séisme dans les deux pays, et réclamé 77 millions de dollars pour leur fournir des vivres.
De part et d'autre de la frontière, des milliers d'habitations sont détruites et les secouristes redoublent d'efforts pour rechercher des rescapés.
Au milieu des acclamations un garçon de six ans a pu être extrait en vie vendredi des décombres, bien qu'en état de choc et blessé au visage, à Jandairis, dans le nord-ouest de la Syrie, a constaté un journaliste de l'AFP.
Son frère n'a pas survécu. Les secouristes recherchent toujours des membres de sa famille, probablement ensevelis sous les décombres.
Dans le sud de la Turquie, à Antakya, "à la 105e heure" après le tremblement de terre, les secouristes ont également sorti vivants un nourrisson de 18 mois, des débris d'un immeuble, puis son frère, a raconté la chaîne de télévision NTV.
Deux heures auparavant, une fillette de trois ans avait elle aussi été secourue dans cette ville anéantie par le séisme.
Vendredi après-midi, une mère et ses deux enfants ont été sauvés des décombres à Gaziantep (sud-est).
A Nurdagi, dans cette même province, une femme enceinte de six mois a elle aussi pu sortir vivante des décombres, après quelque 115 heures passées sous un amas de ruines. Sa fille de six ans a été sauvée elle aussi une heure plus tôt.
- "Plus nulle part" -
D'après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre, d'une magnitude de 7,8, a fait au moins 24.218 morts: 20.665 en Turquie et 3.553 en Syrie.
"Quand je vois les immeubles détruits, les corps, ce n'est pas dans un an ou deux que je me projette, c'est demain que je n'arrive pas à imaginer", a confié à l'AFP Fidan Turan à Antakya, dans la province d'Hatay.
"On a perdu soixante personnes de notre famille. Soixante. Que puis-je dire? C'est la volonté de Dieu", souffle la sexagénaire, les yeux rougis et les traits tirés sous son voile.
La maison familiale, au village, elle aussi s'est effondrée. "Où peut-on aller? On n'a plus nulle part", murmure-t-elle, la voix brisée.
A deux kilomètres au nord, cinq pelleteuses retournent la terre d'un vaste champ pour y creuser des tombes à la hâte, destinées à accueillir les innombrables victimes. Un millier de personnes vont être enterrées ici, dont 600 vendredi.
"400 imams de toute la Turquie ont été envoyés à Hatay pour prononcer les prières funéraires. C'est terrible", lâche sur un parking voisin Yusuf Özcan, un imam venu d'Usak, à 900 km de là.
Si l'aide humanitaire de l'étranger afflue en Turquie - l'Allemagne a notamment annoncé vendredi qu'elle envoyait 90 tonnes de matériel par avion -, l'accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, s'avère plus compliqué.
"Le Conseil des ministres a accepté l'acheminement des aides humanitaires à l'ensemble" du territoire syrien, "dont les zones hors du contrôle de l'Etat", a annoncé le gouvernement syrien.
Damas a précisé que la distribution de l'aide devrait être "supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge syrien", avec l'appui de l'ONU.
Jusque-là, la quasi-totalité de l'aide fournie aux zones rebelles transitait au compte-gouttes, à partir de la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par les Nations Unies.
L'OMS estime que 23 millions de personnes dans les deux pays sont "potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables" et redoute une crise sanitaire majeure qui causerait plus de dommages que le séisme.
Les organisations humanitaires s'inquiètent particulièrement de la propagation du choléra, qui est réapparu en Syrie.
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