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Le président sortant Julius Maada Bio a prêté serment après sa réelection dès le premier tour pour un deuxième mandat à la tête de la Sierra Leone avec 56,17% des voix, selon les chiffres officiels mardi, une victoire contestée par son principal adversaire.
Samura Kamara, arrivé en deuxième position avec 41,16% des voix, a dans la foulée déclaré qu'il "rejette catégoriquement" les résultats de la commission électorale qu'il juge "pas crédibles".
"Je m'élèverai au-dessus de cette parodie et je m'engage à continuer le combat pour une meilleure Sierra Leone", a-t-il ajouté, sans préciser ce qu'il entendait faire exactement.
M. Bio, un ancien militaire de 59 ans, a prêté serment mardi pour son second mandat à la tête du pays dans la foulée de l'annonce des résultats, selon des images sur son compte Twitter.
Le pays, qui a connu une guerre civile de 1991 à 2002, a vécu un processus électoral agité. De multiples incidents ont été signalés.
Les observateurs craignent des violences post-électorales, mais les résultats sont tombés à la veille de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, l'une des plus importantes de toute la région d'Afrique de l'Ouest, qui ralentit traditionnellement les activités.
- Joie -
Aussitôt les résultats proclamés, les supporters du président, vêtus de vert, couleur du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), ont fêté leur champion en klaxonnant et en tapant sur des casseroles dans le centre-ville de Freetown. D'autres ont soufflé dans des vuvuzelas et chanté "Maada Bio, Maada Bio".
"Je suis heureuse que Bio ait gagné, nous voulons qu'il stabilise l'économie et crée des emplois", a déclaré Susan Myers, 34 ans, militante du SLPP.
"Il fait de grandes choses pour ce pays. Il combat la corruption", s'est réjoui Musa Tholluy, 27 ans, dans un grand défilé en direction du Parlement.
Dans une allocution peu après les résultats, Julius Maada Bio a insisté sur les enjeux économiques et le développement des infrastructures, dans l'un des pays les moins développés au monde. Il a aussi appelé tous les Sierra-Léonais à se rassembler pour "le progrès" et la "prospérité" de son pays.
La veille, des résultats partiels donnant le président sortant à plus de 55% des voix, synonymes de victoire dès le premier tour, avaient déjà été rejetés par l'opposition qui fustigeait le manque d'inclusivité, de transparence et de responsabilité de la commission électorale.
Quelque 3,4 millions de personnes étaient appelées à choisir entre 13 candidats pour la présidentielle. Le taux de participation s'est élèvé à 83% selon la commission électorale.
La journée électorale, samedi, s'est déroulée globalement dans le calme malgré quelques incidents. Mais dimanche soir, une femme a été tuée au siège de l'opposition pendant que les forces de sécurité cherchaient à disperser la foule rassemblée.
Les Sierra-Léonais ont aussi voté samedi pour élire leur Parlement et les conseils locaux, des scrutins dont les résultats n'ont pas encore été publiés.
- Manque de transparence -
Les observateurs de l'Union européenne ont estimé que le manque de transparence et de communication de l'autorité électorale avaient engendré de la méfiance envers le processus électoral.
Lors de la précédente élection présidentielle, en 2018, M. Bio l'avait emporté au second tour avec 51,8% des voix face à M. Kamara, un technocrate de 72 ans.
Au cours de son premier mandat, M. Bio s'est fait le champion de l'éducation et des droits des femmes. Il a dit vouloir privilégier l'agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires.
Dans une adresse à la nation après les premiers résultats partiels, le président sortant a appelé les Sierra-Léonais à rester calmes et à respecter la loi.
M. Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l'avènement de M. Bio en 2018, avait indiqué vouloir restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers.