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Six mois de prison avec sursis ont été requis mercredi à l'encontre de l'animateur de télévision Jean-Marc Morandini, jugé devant le tribunal judiciaire de Paris pour "harcèlement sexuel" et "travail dissimulé" à l'occasion du tournage d'une web-série qu'il produisait.
Le tribunal rendra sa décision le 29 août.
La procureure Anne Proust a demandé en outre l'indemnisation de Gabriel P., le seul des cinq plaignants pour lequel le chef de harcèlement sexuel a été retenu contre le prévenu, le remboursement des sommes dues au Trésor public, une obligation de soins et une amende de 10.000 euros.
A l'encontre de la société "Ne zappez pas! production" (NZPP) dont l'animateur est l'unique gérant, poursuivie pour "travail dissimulé", la procureure a requis une amende de 50.000 euros.
La décision du tribunal devra être diffusée par les grands titres de presse et les sites de casting, a également réclamé la procureure.
Dans ses réquisitions, la procureure a dénoncé "le goût de la manipulation" de l'animateur de 57 ans.
"Quelle est la capacité du prévenu à intégrer la norme ?", a-t-elle demandé en soulignant "la personnalité narcissique et rigide" de M. Morandini, qui "rend difficile une remise en question de lui-même".
Assis près de ses avocates, l'animateur regardait le plus souvent le sol durant les réquisitions.
La procureure a également évoqué des "pressions graves" sur Gabriel, 19 ans à l'époque des faits, pour obtenir "un acte réel ou apparent de nature sexuelle". Il y a eu des "sollicitations explicites et réitérées" de la part du prévenu sur le jeune plaignant, a affirmé la représentante du parquet.
A au moins trois reprises, a-t-elle rappelé, M. Morandini a demandé au jeune homme de lui faire une fellation, via son avatar "Catherine Leclerc", une pseudo "directrice de casting" derrière laquelle il se cachait.
Parmi les mails de "Catherine" à Gabriel, la procureure en a cité un où l'animateur écrit: "Vous sentez-vous de faire une fellation à JM (Jean-Marc Morandini)? Il n'est pas n'importe qui".
Pour compenser le préjudice moral résultant d'une "dynamique d'humiliation", l'avocat de Gabriel avait réclamé mardi une indemnisation à hauteur de 27.000 euros pour son client. "S'il n'y a pas de harcèlement sexuel dans ce dossier, c'est à n'y rien comprendre", avait plaidé Me Antoine Lachenaud.
Invité à prendre la parole après ses avocates, Mes Céline Lasek et Florence Rault, l'animateur de CNews a réitéré les arguments qu'il avait développés mardi à l'ouverture de l'audience: il n'y avait "pas eu le moindre problème" entre lui et les comédiens de la web-série Les Faucons avant la publication d'un article des Inrocks, à l'été 2016, dénonçant les dessous du tournage et notamment l'obligation pour les jeunes comédiens à s'exhiber nus ou à envoyer des vidéo de masturbation.
"Le tribunal n'a retenu que des morceaux épars" des échanges avec Gabriel, a regretté l'animateur. "Nous avons eu beaucoup d'échanges et ils étaient constructifs", a-t-il soutenu sans jamais s'excuser.
"Je suis surpris. D'ailleurs (Gabriel) ne me reproche rien", a-t-il affirmé.
Mardi, à l'ouverture du procès, le jeune plaignant avait affirmé qu'il se sentait "sous l'emprise psychologique" de l'animateur. "Je me dégoûte, j'ai honte de ce que j'ai fait", avait-il dit.
En décembre dernier, l'animateur avait été condamné à une peine d'un an de prison avec sursis assortie d'une obligation de soin de deux ans et son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais) pour des faits de "corruption de mineurs" commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016, lors d'échanges électroniques à caractère sexuel et d'un casting à son domicile.
Il a fait appel de cette condamnation.