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"Nous sommes plus forts et meilleurs quand nous travaillons ensemble, tous les trois": le président américain Joe Biden s'est attaché à resserrer les liens avec le Mexique et le Canada mardi lors d'un sommet de l'Amérique du nord à Mexico.
"Je suis reconnaissant de vous avoir tous les deux pour partenaires et, ajouterais-je même, pour amis", a-t-il déclaré au côté de son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, et du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Le but du sommet? L'Amérique du Nord doit rester "la région économique la plus compétitive, prospère et résiliente du monde", selon le démocrate, dont les subventions à l'économie américaine inquiètent l'Union européenne.
Le président mexicain Lopez Obrador a annoncé le lancement d'un "comité conjoint" pour "la substitution des importations en Amérique du nord", afin de "renforcer nos relations économiques et commerciales".
L'intégration régionale réduit "notre dépendance" envers "d'autres parties du monde dont nous ne partageons pas nécessairement les valeurs avec nos partenaires ici en Amérique du Nord", avait indiqué le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, avant le sommet.
Le chef de la Maison Blanche veut également faire du continent nord-américain "un moteur dans la production d'énergie propre".
Très consensuel devant la presse, il n'est pas revenu sur les griefs des Etats-Unis envers le Mexique, qui prétend renforcer la part de l'Etat dans la production d'énergie, au détriment des investissements privés américains d'après Washington.
- Trudeau chantre du libre-échange -
Aux côtés de son hôte mexicain, Joe Biden a mentionné l'afflux record - historique selon lui - de migrants qui traversent le Mexique vers les Etats-Unis, un sujet de tensions entre les deux pays.
Il a remercié le président Lopez Obrador de "recevoir au Mexique" les migrants qui ne peuvent pas entrer aux Etats-Unis.
Autre grand sujet américano-mexicain: le fentanyl, drogue de synthèse qui provoque des milliers d'overdoses aux Etats-Unis, et contre laquelle M. Biden a promis d'approfondir la lutte.
Le Premier ministre libéral du Canada Justin Trudeau a défendu l'accord de libre-échange entre les trois pays en vigueur depuis 1994 (rénové en 2021).
"Cet accord a fait croître nos économies, il a créé des millions de bons emplois. Le libre-échange a attiré sur notre continent des investisseurs de partout dans le monde", a déclaré M. Trudeau, passant de l'anglais au français.
Plutôt de gauche tendance nationaliste, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a salué "une nouvelle relation de coopération laissant derrière elle l'interventionnisme hégémonique".
Lundi, "AMLO" (ses initiales, son surnom) avait demandé à Washington d'en finir avec le "dédain envers l'Amérique latine et les Caraïbes": "Président Biden, vous avez la clé pour ouvrir et améliorer substantiellement les relations entre tous les pays du continent américain".
Avant de s'adresser au président américain, M. Lopez Obrador a qualifié Justin Trudeau "de grand allié de Mexico" et l'a remercié pour la mise en place de visas provisoires qui ont permis selon lui d'accueillir "25.000 mexicains" au Canada.
"C'est un chemin à suivre. C'est la migration ordonnée", a insisté M. Lopez Obrador, comme une critique en creux de la politique migratoire de Joe Biden.
M. Lopez Obrador a tout de même remercié le président Biden parce que les Mexicains qui vivent et travaillent aux Etats-Unis "ne sont pas harcelés et ne subissent plus de descentes policières, comme cela se passait hélas en d'autres temps".
"Vous êtes le premier président des Etats-Unis depuis longtemps qui n'a pas construit un seul mètre de mur" à la frontière entre les deux pays, a-t-il souligné. "Je vous en remercie, même si cela ne plaît pas aux conservateurs".
En marge du sommet, Amnesty International a demandé aux "trois amis" de faire "une priorité essentielle" des droits des réfugiés et migrants durant leurs pourparlers et de "cesser de mettre en oeuvre des politiques communes inhumaines sur la migration".
Le Mexique a applaudi les nouvelles mesures migratoires annoncées le 5 janvier par M. Biden qui permettront à un maximum de 30.000 personnes originaires de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela de migrer aux Etats-Unis chaque mois.