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Un Joe Biden irrité s'est fermement défendu jeudi après un rapport à l'effet dévastateur qui l'a exonéré dans une enquête sur la rétention de documents confidentiels mais l'a décrit comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire".
"Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n'ai pas de problèmes de mémoire", s'est défendu M. Biden, 81 ans, lors d'une allocution télévisée.
Quelques heures plus tôt, un procureur spécial chargé d'enquêter sur sa gestion de documents confidentiels avait publié un rapport de 388 pages ne recommandant pas de poursuites contre lui mais exposant sa principale vulnérabilité, son âge, et constatant que "sa mémoire avait empiré".
Joe Biden "ne se souvenait plus quand il était vice-président" ni exactement de l'année du décès de son fils aîné Beau, a affirmé le procureur spécial Robert Hur.
"Comment diable ose-t-il?", a tonné Joe Biden à ce sujet, visiblement très ému et sur un ton de défiance.
Nommé en janvier 2023 par le ministre de la Justice Merrick Garland, le procureur spécial a conclu que le président avait "sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu'il était un simple citoyen".
Mais il a considéré qu'"une inculpation ne se justifierait pas", estimant notamment qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".
Cette décision attendue dissipe de possibles tracas judiciaires pour le président démocrate, qui s'apprête à affronter son prédécesseur républicain Donald Trump en novembre pour une revanche de l'élection de 2020, mais le place de nouveau en mauvaise posture vis-à-vis de ses rivaux politiques, qui n'ont pas manqué de commenter les conclusions du rapport.
D'autant qu'elle intervient après qu'il a confondu ces derniers jours le président de la France Emmanuel Macron et l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel avec des prédécesseurs décédés.
Jeudi soir, interrogé sur le conflit à Gaza, il a évoqué des discussions sur l'aide humanitaire avec "le président du Mexique, Sissi", voulant parler du chef d'Etat égyptien.
- "Commentaires déplacés" -
Après la publication du rapport, Joe Biden avait assuré dans un communiqué avoir pleinement coopéré avec l'enquête, y compris lors d'un entretien de cinq heures sur deux jours avec le procureur spécial et son équipe en octobre 2023, au tout début de la "crise internationale" déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien en Israël à partir de la bande de Gaza.
Il avait insisté sur la différence entre son attitude dans cette affaire et celle de Donald Trump, 77 ans, poursuivi pénalement pour avoir emporté des centaines de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche et accusé d'"obstruction à la justice" dans cette affaire.
Donald Trump a réagi au rapport en dénonçant "un système judiciaire à deux vitesses". "L'affaire des documents de Biden est différente de la mienne et 100 fois plus grave. Je n'ai rien fait de mal et j'ai bien plus coopéré" avec les enquêteurs, a-t-il assuré.
Le procureur spécial a pourtant relevé dans son rapport le "contraste" entre l'attitude des deux hommes dans leurs dossiers respectifs, soulignant que selon l'acte d'accusation M. Trump a ordonné "à des tiers de détruire des preuves et de mentir".
L'état-major républicain à la Chambre des représentants, dont son président Mike Johnson, a jugé que ce rapport "profondément dérangeant" montrait que le président était "inapte" à exercer ses fonctions.
Le conseiller juridique de la Maison Blanche, Richard Sauber, ainsi que l'avocat personnel de M. Biden, Bob Bauer, ont quant à eux salué dans une lettre en annexe du rapport la décision du procureur spécial de ne pas engager de poursuites mais regretté des "commentaires déplacés" qui "n'ont rien à faire dans un rapport du ministère de la Justice".
La nomination de M. Hur comme procureur spécial faisait suite à la découverte en décembre 2022 et janvier 2023 de documents classés confidentiel datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017), notamment sur l'engagement militaire américain en Afghanistan, dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware, ainsi que dans un ancien bureau.