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L'alunisseur d'une jeune entreprise américaine, qui espère devenir la première société privée à réussir à se poser sur la Lune et le premier appareil américain à le faire depuis plus de 50 ans, a été mis en service avec succès dans l'espace peu après son décollage jeudi depuis la Floride.
La mission, nommée IM-1, emporte l'alunisseur développé par l'entreprise texane Intuitive Machines, fondée en 2013. Le lancement de la fusée Falcon 9 de SpaceX le transportant a eu lieu peu après 01H00 du matin (06H00 GMT) depuis le Centre spatial Kennedy, sur la côte est américaine.
Une fois l'alunisseur détaché de l'étage supérieur de la fusée, il a été allumé et mis en service "avec succès", "en établissant une attitude stable, le chargement des panneaux solaires, et le contact radio", a déclaré dans un communiqué Intuitive Machines, dont la salle de contrôle des opérations est située à Houston, au Texas.
L'Inde et le Japon ont récemment réussi à se poser sur la surface lunaire, devenant les quatrième et cinquième pays à réussir l'opération, après l'Union soviétique, les Etats-Unis et la Chine.
Mais plusieurs entreprises privées, y compris une autre société américaine le mois dernier, ont elles échoué à reproduire cette prouesse.
"Nous sommes tout à fait conscients des immenses défis à venir", a déclaré Steve Altemus, le PDG d'Intuitive Machines, cité dans le communiqué.
Si tout se passe comme espéré, l'appareil tentera de se poser sur la Lune la semaine prochaine, le 22 février.
Un succès marquerait une étape historique pour le secteur spatial, ainsi que le premier atterrissage d'un engin américain sur la Lune depuis la fin du programme Apollo, en 1972.
- Pôle sud lunaire -
Le modèle de l'alunisseur envoyé est nommé Nova-C, et mesure plus de quatre mètres de haut.
L'appareil, dont l'exemplaire utilisé pour cette première mission a été baptisé Odysseus, emporte six cargaisons privées dont des sculptures de l'artiste contemporain Jeff Koons représentant les phases de la Lune.
Mais il transporte surtout six instruments scientifiques de la Nasa, principale cliente pour ce voyage.
La mission s'inscrit dans un nouveau programme nommé CLPS (Commercial Lunar Payload Services), mis sur pied par l'agence spatiale américaine qui a chargé des sociétés privées d'emporter sur la Lune du matériel scientifique, afin d'y préparer le retour d'astronautes.
En s'appuyant sur le secteur privé, la Nasa dit pouvoir envoyer davantage de matériel, plus fréquemment et pour moins cher qu'avec des véhicules lui appartenant. Elle se dit toutefois consciente des risques d'échecs de certaines de ces missions, confiées à de jeunes entreprises.
"Ces livraisons lunaires audacieuses réaliseront non seulement des expériences scientifiques sur la Lune, mais elles soutiennent aussi une économie spatiale privée croissante", s'est félicité jeudi dans un communiqué Bill Nelson, le patron de la Nasa.
Le contrat signé par l'agence spatiale américaine pour cette première mission d'Intuitive Machines s'élève à 118 millions de dollars. L'action de l'entreprise était en hausse de 17% à la Bourse de New York jeudi matin.
Le lieu d'atterrissage prévu est un cratère près du pôle Sud de la Lune, encore peu exploré.
Le pôle Sud lunaire est important pour la Nasa, car c'est là qu'elle souhaite faire atterrir ses astronautes à partir de 2026 au plus tôt, dans le cadre des missions Artémis.
La raison: il s'y trouve de l'eau sous forme de glace, qui pourrait être exploitée.
Les six instruments scientifiques embarqués doivent permettre d'étudier cet environnement particulier.
Quatre caméras observeront par exemple la phase de descente et la poussière projetée lors de l'atterrissage, afin de comparer ses effets à ceux des alunissages d'Apollo, réalisés plus près de l'équateur.
- Plusieurs missions prévues -
Une première entreprise américaine, Astrobotic, elle aussi sous contrat avec la Nasa pour le programme CLPS, avait échoué à atteindre la Lune en janvier.
Un nouvel essai d'Astrobotic, ainsi que deux autres missions d'Intuitive Machines (IM-2 et IM-3), sont d'ores et déjà prévus cette année.
Une troisième société américaine, Firefly Aerospace, doit elle aussi tenter l'aventure en 2024.
Les essais d'autres compagnies, israélienne et japonaise, s'étaient, eux, soldés en 2019 et 2023 par des crashs.