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Lucas, l'adolescent de 13 ans qui s'est suicidé samedi à Golbey (Vosges) et dont les parents affirment qu'il était harcelé en raison de son homosexualité, avait exprimé "sa volonté de mettre fin à ses jours" dans son "journal intime", a indiqué vendredi le procureur de la République d'Epinal.
Lucas avait écrit dans son journal intime "un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours", a déclaré lors d'une conférence de presse Frédéric Nahon.
Ses proches ont révélé dans leurs auditions l'existence de moqueries et insultes à caractère homophobe dont l'adolescent s'était dit victime de la part d'autres élèves de son collège de Golbey, a-t-il encore souligné.
L'enquête préliminaire ouverte mercredi s'attachera "à vérifier le lien de causalité direct entre ces faits et le suicide du jeune adolescent", a indiqué le procureur, invitant toutefois à de "la prudence quant à ce dernier point".
Elle devra également permettre de "confirmer la réalité des faits de harcèlement, leur durée, le contenu exact des propos dénoncés, et de vérifier les différentes mesures qui ont été prises", a-t-il poursuivi.
"La piste du cyberharcèlement va également être vérifiée", a-t-il ajouté.
Concernant les causes du décès, "les constatations et l'autopsie effectuée par l'institut médico-légal de Nancy ont permis d'établir la thèse d'un suicide par pendaison", a aussi indiqué le magistrat.
La mère de l'adolescent sera entendue lundi par le procureur, accompagnée de son avocate.
Selon l'avocate de la famille, Me Catherine Faivre, l'orientation sexuelle de l'adolescent était connue de tous et assumée, "comme peut l'assumer un garçon de 13 ans".
Lucas était scolarisé au collège Louis-Armand de Golbey, a dit le procureur, selon qui "il n'y a pas eu d'enquête récente pour des faits de harcèlement dans ce collège".
Les parents de Lucas n'ont à ce stade pas encore déposé plainte, et la famille souhaite que les obsèques "se déroulent dans la plus stricte intimité, sans la présence de la presse", a fait savoir Me Faivre.
Une marche blanche sera organisée "dans les prochaines semaines", a-t-elle ajouté.
Une cellule psychologique a été mise en place dans l'établissement dès lundi, avait indiqué jeudi le rectorat, rappelant que le collège était "engagé dans le dispositif pHARe de lutte contre le harcèlement".
Selon le rectorat, les "moqueries" rapportées par Lucas et sa mère à la rentrée avaient été "immédiatement prises au sérieux par les équipes du collège".
"Le suicide de Lucas est tragique", a réagi sur Twitter SOS Homophobie. "La lutte contre le harcèlement scolaire doit être urgemment renforcée. Qu'un établissement agréé par @education_gouv ne réagisse pas à de nombreux signalements est alarmant", a encore estimé l'association LGBT+.
La mort de l'adolescent a également suscité plusieurs réactions politiques.
"L'homophobie tue. Tristesse et soutien à la famille de Lucas", a tweeté le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune.
"Je suis bouleversé par la mort de #Lucas (...) Ce drame doit être l'occasion d'une prise de conscience. L'homophobie tue", a déclaré sur Twitter le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
"Immense tristesse pour Lucas (...) Nous avons le devoir de combattre toute forme d'homophobie!", a également indiqué sur Twitter le président des Républicains, Eric Ciotti.
En octobre 2021, Dinah Gonthier, 14 ans, s'était suicidée chez elle à Kingersheim dans le Haut-Rhin, car selon sa famille, elle était victime de harcèlement scolaire.
Après une première plainte classée sans suite par le parquet de Mulhouse, la famille de l'adolescente a déposé plainte avec constitution de partie civile en novembre dernier.