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Ne pas prendre de haut les États-Unis: tel est l'état d'esprit du XV de France pour gravir mercredi (9h45 françaises) la deuxième marche vers les quarts de finale de la Coupe du monde, dans le petit stade de Fukuoka planté au milieu d'un bois.
Les arbres entourant le stade Hakatanomori (21.500 places), ouvert sur son sylvestre environnement par deux minuscules tribunes derrière chaque en-but, auront-ils un effet "zen" sur les Bleus, et notamment le buteur Thomas Ramos qui y fera face?
Sur l'île de Kyushu, la plus méridionale des quatre principales qui composent le Japon, les Français seront en tout cas confrontés à l'humidité qui devrait rendre le ballon glissant.
En début d'après-midi, une chaleur lourde (32°c, 50% d'humidité) enveloppait Fukuoka, sous un ciel gris, laissant craindre quelques averses orageuses en cours de match, dont le coup d'envoi sera donné à 16h45 locales.
Les Français ont intégré la possibilité de jouer sous la pluie. "Il faudra être hyper vigilant", a prévenu Louis Picamoles, lors de la conférence de presse de veille de match.
Le troisième ligne centre de Montpellier, doyen (33 ans, 80 sélections) et capitaine des Bleus pour la première fois en l'absence dans le XV de départ du talonneur Guilhem Guirado, a donné sa recette pour ne pas tomber dans le piège américain: "beaucoup de sérieux, d'humilité et de plaisir".
Vainqueurs in extremis de l'Argentine (23-21) le 21 septembre, les Français auraient en effet tort de se croire déjà qualifiés pour les quarts de finale à l'heure d'affronter les deux adversaires les plus faibles de la poule C - Etats-Unis puis Tonga dimanche - en l'espace de quatre jours.
- Les Fidji, double exemple -
D'abord parce que deux surprises ont déjà émaillé le Mondial japonais: l'Uruguay a surpris les îles Fidji (30-27), coupables d'avoir "sous-estimé" l'outsider, selon leur capitaine, mais aussi victimes du même enchaînement rapide de matches, et le Japon a pris le dessus sur l'Irlande (19-12).
Ensuite parce que le XV de France s'est pris les pieds dans le tapis assez souvent face aux nations dites du second échelon mondial pour ne pas les respecter. L'échec face aux Tonga lors du Mondial-2011 (19-14) n'est pas si lointain et un autre est encore tout frais.
"Il y a un peu moins d'un an, on perdait contre les Fidji (21-14 en novembre)", a ainsi rappelé l'ailier Yoann Huget, qui espère "que l'équipe a pris conscience qu'il n'y avait pas de petites équipes".
Hors de question donc de penser déjà à la victoire bonifiée face aux "Eagles", pourtant surclassés par les Anglais en ouverture (45-7). "On ne peut pas avoir un manque d'humilité en se disant qu'on va prendre les cinq points. Il faut avoir de l'ambition, mais d'abord construire le match en première mi-temps", réclame Huget.
- Les anciens à la barre -
Pour cela, le sélectionneur Jacques Brunel a misé sur un axe 8-9-10 expérimenté: outre Picamoles, le demi de mêlée Maxime Machenaud et l'ouvreur Camille Lopez sont titulaires à des postes-clés afin de guider une équipe largement remaniée (12 changements par rapport au XV de départ contre l'Argentine).
Et si cela ne se passe pas aussi bien qu'espéré face aux Américains, le vécu de ce trio peut s'avérer salutaire comme il l'a été face aux Pumas: remplaçants en prévision d'une fin de match brûlante, Picamoles (une interception importante) Lopez (le drop de la victoire) et Machenaud (dernier ballon gratté) ont chacun été décisifs.
Inversement face aux Etats-Unis, Brunel a garni son banc de titulaires en puissance (Guirado, Poirot, Slimani, Vahaamahina, Alldritt, Médard) avec l'idée que ces remplaçants de luxe gardent un maximum d'influx pour les rencontres face aux Tonga dimanche à Kumamoto, et l'Angleterre le 12 octobre à Yokohama.
"On a peut-être l'équipe qui a le calendrier le moins facile: trois matches en dix jours contre des adversaires pas faciles", s'inquiète Brunel qui se demande encore: "Comment on va sortir de cette série si on est qualifiés?" D'un autre côté, elle peut permettre aux Français de prendre de l'élan pour sortir du bois.