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A Montréal, épicentre de la pandémie de coronavirus au Canada, le centre-ville a repris des couleurs lundi avec la réouverture des magasins de la célèbre rue Saint-Catherine, après deux mois de confinement.
Repoussée à deux reprises, la réouverture des magasins ayant directement accès sur la principale artère commerciale de la ville a attiré bien des consommateurs pressés de renouer avec le shopping. Mais ce n'était pas non plus l'affluence des grands jours.
"On va faire tout Sainte-Catherine, toutes les boutiques qui seront ouvertes", dit en riant Khadija Sada, une étudiante de 19 ans, trop fière d'être la première dans la queue, deux heures avant l'ouverture du magasin Zara.
Pour elle et sa copine Charlotte Lantin, 18 ans, l'objectif est simple: se refaire un stock de vêtements d'été.
Retrouvée une heure plus tard chez Browns, Khadija porte deux sacs dans ses bras: "le coronavirus me pousse à acheter plus, je préfère acheter d'un coup et éviter les contacts en revenant plusieurs fois".
Le Québec est la province la plus touchée par la pandémie au Canada, Montréal enregistrant à elle seule plus de 40% des 6.600 morts au pays.
Dans une vitrine, des vendeurs s'affairent à coller un autocollant jaune fluo annonçant des soldes de 25% sur des collections de printemps.
Une file de plusieurs dizaines de mètres s'est formée devant le grand magasin Simons où les gens, parfois masqués, commencent à entrer un par un sur le coup de 11 heures.
- "Un peu décevant" -
"J'avais hâte que les magasins rouvrent", explique Alexandra, 50 ans, qui s'impatiente d'enfin entrer dans le magasin après 20 minutes à faire la queue.
"L'idée du shopping me manque: le flânage, comparer, regarder. Ca, je crois que ça ne reviendra pas pour le moment", déplore-t-elle cependant.
"Je veux encourager les commerces, c'est trop triste, j'ai vu beaucoup de magasins fermer. Ca brise le coeur", dit-elle.
"Ce n'est pas tous les magasins qui ont décidé d'ouvrir, donc c'est un peu décevant", note de son côté Jean-François Dubé, 47 ans.
"Lorsqu'on sait que 75% des déplacements vers le centre-ville sont réalisés pour le travail ou pour les études, on comprend que le centre-ville de Montréal continuera d'être affecté encore longtemps", explique Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, les universités étant fermées et les tours à bureaux désertes avec la généralisation du télétravail.
- "Je vais me lâcher" -
Patrick Salonius, 30 ans, ne s'en fait pas outre mesure: "Ca fait un bon bout de temps qu'on n'a pas eu une vie normale, donc ça fait du bien de pouvoir sortir, voir un peu de la ville et se sentir vivant. D'une certaine manière, je pense que c'est un retour à la vie quotidienne".
"Il y a beaucoup de monde", dit devant un autre magasin Damien Fertil, 30 ans, masque au visage, venu se "rhabiller pour l'été", lui "qui aime les vêtements".
"Je vais me lâcher, la carte bleue va chauffer" prévient-il, précisant qu'il n'a pas commandé en ligne pendant le confinement.
"C'est sûr qu'il y a moins de monde (que d'habitude) mais je pense que les gens qui viennent en magasin sont (...) vraiment déterminés à acheter", confirme Eric Ouaknine, responsable et chargé du plan pour la réouverture des magasins d'une chaîne de chaussures.