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Olivier Schoonejans: Ce confinement a été une bonne période pour les animaux de compagnie ?
Julie Willems: "Ça a été une période extraordinaire pour eux évidemment, non seulement parce que leurs maîtres étaient plus présents qu'habituellement. Et puis, on a passé beaucoup plus de temps avec eux, à les câliner, à jouer, à promener. Ils ont connu la belle vie."
Olivier Schoonejans: Est-ce que les animaux peuvent être déstabilisés par le retour au boulot et le fait qu'ils aient moins d'attention ou moins de présence ?
Julie Willems: "Ça va demander de faire appel à leur capacité d'adaptation qui, heureusement, est assez extraordinaire parce que ça va être un fameux changement. Ils se sont habitués à un rythme de vie précis et là, du tout au tout, on va le modifier, surtout si ça se fait de façon brusque."
Olivier Schoonejans: Comment le remarque-t-on ?
Julie Willems: "Premièrement, on va remarquer du stress éventuellement, qui va se signaler par des halètements, une perte de poids, de poils, une prise de boisson plus importante, des mutilations dans les cas les plus graves. Et surtout, ce qui est relativement fréquent dans ce genre de situation, c'est une anxiété de séparation qui peut se présenter. C'est une difficulté ou une impossibilité pour un chien de rester seul. L'anxiété de séparation peut se manifester par des vocalisations, de type aboiements, hurlements, gémissements, pleurs, par des destructions et/ou par des déjections. Là, le trouble comportemental est déjà installé."
Il faut éviter l'anxiété de séparation
Olivier Schoonejans: Comment agir par rapport à son animal ?
Julie Willems: "Si l'anxiété de séparation est déjà installée, évidemment, c'est préférable de consulter un comportementaliste pour régler le problème. L'idéal est de prévenir la situation et d'éviter l'anxiété de séparation. Il y a plusieurs choses que l'on peut faire. La première est d'essayer de réhabituer progressivement notre animal à notre absence. Au lieu de partir du jour au lendemain pendant 8, 9 ou 10 heures et de le laisser seul d'un coup, il faudrait faire des petites absences progressives, donc partir d'abord 5 minutes, puis 10/15 minutes, 20/30 minutes, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on arrive plus ou moins à la durée d'absence normale du propriétaire qui part travailler. Ce qui est important aussi, c'est que, quand vous rentrez chez vous, si vous entendez que votre animal est en train de pleurer, gémir ou aboyer, il ne faut pas rentrer à ce moment-là, évidemment."
Olivier Schoonejans: Sinon, il va associer ce gémissement au fait que vous arrivez ?
Julie Willems: "Oui, il faut attendre qu'il cesse de gémir pour rentrer à la maison."
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Olivier Schoonejans: Et quand on part, que doit-on faire ? On a tendance à plus les câliner…
Julie Willems: "On aura tendance à faire ça. Or, c'est justement ce qu'il ne faut pas faire. Il faut impérativement prendre sur soi et essayer d'ignorer son chien ou son chat. Idéalement, 15 à 20 minutes avant de partir. Il ne faut pas lui parler, pas le regarder, pas le toucher et en l'ignorant, vous n'êtes déjà à moitié plus là, donc vous préparez votre animal à votre absence totale. C'est ça qui facilitera l'acceptation de votre absence."
L'apprentissage de solitude pour tous les chiots et chatons
Olivier Schoonejans: Il y a aussi des maîtres qui ont adopté leurs animal juste avant le confinement. Les jeunes chiens ou chats ne sont habitués qu'à ça...
Julie Willems: "Pour eux, ça va être évidemment difficile. Il faut faire le même travail. Au lieu que ça soit un réapprentissage à la solitude, on parlera d'apprentissage à la solitude qui, d'ailleurs, devrait idéalement être appris à tous les chiots et chatons. Principalement les chiots puisque ce sont plus les chiens qui sont touchés par la solitude. Les chiens sont des animaux grégaires donc ils ne sont pas faits pour rester seuls et on doit leur apprendre la solitude puisque ce n'est pas naturel pour eux."
Olivier Schoonejans: Les animaux peuvent-ils faire une dépression ?
Julie Willems: "La dépression existe chez le chien et le chat. Tous les troubles psychologiques présents chez l'humain peuvent se retrouver chez nos animaux domestiques. Mais c'est excessivement rare."
Olivier Schoonejans: En même temps, il y a eu très peu d'abandons d'animaux pendant cette période. Comment expliquez-vous cela ?
Julie Willems: "On a pensé au départ qu'il y avait beaucoup d'abandons et ça n'a pas été le cas du tout, au contraire. Il y a très peu d'abandons pendant cette période de confinement. Cela s'explique par deux facteurs. Le premier, c'est que les personnes étaient présentes. Une des choses qui peut pousser une personne à se débarrasser de son animal, c'est parce qu'elle n'a pas le temps de s'en occuper, que l'animal représente un poids, quelque chose en plus dans sa vie déjà fort remplie. Et c'est un poids dont on se déleste malheureusement relativement facilement. Le deuxième facteur, c'est que grâce au confinement, les propriétaires ont pu passer beaucoup de temps avec leur animal, s'en occuper et plus on s'en occupe, mieux ça se passe. Ce sont des êtres vivants qui ont besoin qu'on s'occupe d'eux, qui ont des besoins auxquels on doit répondre. Par exemple, le chien doit aller promener tous les jours. Comme on s'en est bien occupés, on a eu beaucoup moins d'apparition de troubles comportementaux dus au non-respect des besoins de l'animal."