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Plusieurs centaines de manifestants pro-démocratie se sont rassemblés jeudi à Bangkok pour marquer l'anniversaire de la révolution de 1932 qui a mis fin à la monarchie absolue.
Les protestataires, dont plusieurs leaders du mouvement inculpés pour lèse-majesté et libérés sous caution, ont marché vers le Parlement de la capitale thaïlandaise alors que les députés doivent voter jusque tard dans la nuit sur 13 projets d'amendements constitutionnels.
Le mouvement pro-démocratie réclame la démission du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, un général issu du coup d'Etat de 2014 et légitimé par des élections controversées cinq ans plus tard.
Il plaide aussi pour une refonte de la Constitution, jugée trop favorable à l'armée, et une réforme en profondeur de la monarchie - un sujet jusque-là totalement tabou dans le pays où la famille royale est considérée comme intouchable.
Les contestataires ont bravé l'interdiction de rassemblement promulguée par les autorités du pays qui fait face depuis avril à une vague de cas de coronavirus plus forte que les précédentes, avec quelque 3.000 cas recensés chaque jour.
"Nous n'avons jamais eu de véritable démocratie", a déclaré à l'AFP Som, une étudiante de 16 ans.
"Je n'ai pas peur du coronavirus (...) et le gouvernement doit être tenu pour responsable de la situation actuelle car il n'a pas fourni assez de vaccins à la population", a-t-elle affirmé.
Malgré les promesses des autorités, la vaccination se déploie très lentement dans le royaume: moins de six millions de Thaïlandais ont reçu à ce jour une première injection, sur une population d'environ 70 millions.
Des manifestants ont brandi des pancartes exhortant à "abolir le 112", le redoutable article sur le lèse-majesté qui punit jusqu'à 15 ans de prison les diffamations, critiques et insultes envers le roi et sa famille.
A l'extérieur du Parlement, les contestataires ont transmis leurs revendications aux députés de l'opposition.
Un député du Phalang Pracharat, le parti au pouvoir, a fait une apparition, assurant que le gouvernement - très critiqué pour son bilan économique et sa gestion de la crise sanitaire -, était "prêt à écouter".
"Même ceux qui étaient du côté du gouvernement dénoncent maintenant son bilan qui est un échec", a assuré Panupong Jadnok, l'un des leaders de la contestation.
L'année dernière, au plus fort du mouvement, des dizaines de milliers de protestataires ont défilé dans les rues de Bangkok.
Quelque 150 personnes ont été inculpées depuis, notamment pour "lèse-majesté".
La contestation a faibli ces derniers mois en raison de cette riposte judiciaire des autorités et de la pandémie de coronavirus, mais des manifestations sporadiques sont toujours organisées.