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A Paris, maxi-terrasses pour les cafés et les restaurants le 2 juin

"On va pousser les bacs à fleurs, le 2 juin on étale la terrasse": soulagée de pouvoir rouvrir son café du IIe arrondissement de Paris, Ludivine compte bien profiter des aménagements prévus par Anne Hidalgo pour sauver un bout de chiffre d'affaires.

"On a hâte, même si on sait qu'on ne pourra mettre dehors la totalité des 60 places de l'intérieur", ajoute la gérante, qui chiffre à "plusieurs dizaines de milliers d'euros" la perte liée au confinement.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé jeudi que les cafés, bars et restaurants pourraient rouvrir le 2 juin à Paris, mais uniquement en terrasse, car dans cette zone classée "orange" le virus "circule un peu plus fortement".

Un soulagement pour les restaurateurs parisiens, qui ont perdu 90% de leur chiffre d'affaires en avril et sans doute 70% en mai, note Pascal Brun, consultant et ancien PDG du groupe Frères Blanc.

Mais avec la distanciation des tables et l'interdiction de servir en salle, le rattrapage ne pourra être que partiel: "Les restaurateurs vont rouvrir pour renouer avec leurs clients, mais ils ne vont pas gagner d'argent", ajoute M. Brun.

Pour accompagner la réouverture, et alors que ça et là dans la capitale quelques cafés commencent déjà durant le week-end à installer quelques tables sur le trottoir, la ville a décidé d'autoriser les établissements à étendre leur terrasse au-delà du périmètre habituellement autorisé, et ce gratuitement, jusque fin septembre.

"Nous avons voulu une procédure légère et souple de simple déclaration", qui pourra se faire en ligne, explique Jean-Louis Missika, adjoint à la maire PS de Paris Anne Hidalgo en charge de l'urbanisme.

Concrètement, les restaurateurs devront signaler leur souhait d'avoir une terrasse provisoire, et indiquer avec un schéma l'espace qu'ils comptent occuper. Ils pourront ainsi étendre leur terrasse le long de commerces si ceux-ci donnent leur accord, et occuper "jusqu'à trois places de stationnement en face de leur restaurant".

Pour jouer le jeu du bon voisinage, ils devront aussi remplir une charte en dix points qui sera affichée en vitrine: quiétude des riverains, limite fixée à 22H00, circulation des piétons, propreté avec l'absence de vaisselle jetable...

De quoi "permettre de faire tourner ces commerces qui en ont énormément besoin", affirme Didier Chenet, le président du syndicat patronal GNI Synhorcat, qui estime à 12.500 le nombre d'établissements avec terrasse à Paris (dont 10.000 ouvertes).

- "Nouveau modèle" -

La ville prévoit également de fermer ponctuellement certaines rues dans une vingtaine de lieux touristiques pour permettre aux terrasses de s'étendre: quartier du Marais, canal de l'Ourcq, rues des Abbesses ou Daguerre...

"Paris, dans la crise que nous traversons, doit être aux côtés des restaurants et des bars. Ils sont l'âme de notre ville", affirme Anne Hidalgo au Parisien dimanche, en avertissant: "ce sont des centaines d'emplois qui sont en jeu".

"Nous traversons une crise sanitaire mondiale où la lutte contre la pollution devient une nécessité majeure (...) Je ne souhaite pas de retour en arrière, un nouveau modèle s'impose", ajoute-t-elle.

Car avant les dérogations pour les bars, d'autres mesures avaient été prises: pistes cyclables temporaires, piétonnisation des abords des grandes gares...

"Enfin! On piétonnise. Au moins ce que la crise nous aura appris, c'est qu'il faut radicalement changer la façon d'organiser l'espace public, privilégier les mobilités douces", se félicite auprès de l'AFP le candidat EELV aux municipales David Belliard.

Mais à l'approche du second tour, certains s'agacent de voir la maire de Paris occuper ainsi le terrain.

"Mme Hidalgo a profité de la crise pour appliquer un programme sur lequel elle n'a pas été élue", observe sa rivale LR Rachida Dati dans Le Figaro magazine de vendredi.

"Elle n'a pas de mandat pour prendre ces décisions" en période de crise sanitaire, lançait déjà mi-mai Anne-Christine Lang, candidate proche de Cédric Villani (LREM dissident).

"Ce sont des pistes temporaires, si Rachida Dati est élue, elle pourra toutes les supprimer", souligne-t-on dans l'entourage de la maire de Paris.

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