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Paris tenté d'anticiper le déconfinement ? Les autorités s'inquiètent

Faute de chiffres, cela n'est qu'une impression tenace, nourrie par des témoignages: après six semaines de confinement, les rues de Paris paraissent se peupler de nouveau de flâneurs, faisant craindre aux autorités un relâchement.

La brève séquence a enflammé les réseaux sociaux ce week-end: quelques dizaines de personnes qui se déhanchent sur "Laissez-moi danser", tube disco de Dalida craché par une sono depuis une fenêtre donnant sur une place du quartier de Montmartre, lui donnant des airs de bal de 14 Juillet jusqu'à l'arrivée rapide de deux véhicules de police.

Selon une source policière, la foule s'est dispersée d'elle-même et aucune verbalisation n'a été dressée.

"Les gens sont très respectueux des règles qui ont été instituées", assure Colombe Brossel, adjointe à la sécurité de la maire PS Anne Hidalgo. "Pour autant, il ne faut pas reprendre l'habitude de s'asseoir les uns à côtés des autres sur un banc, ne pas être tous serrés pour aller faire les courses alimentaires".

"Globalement, les Parisiens sont civiques", souligne également le député Agir et élu parisien Pierre-Yves Bournazel, mais "si on veut éviter une contagion nouvelle, il va falloir respecter les modalités", alors que le déconfinement n'est prévu qu'à partir du 11 mai et qu'il s'annonce très progressif.

Quelque 1.104.000 contrôles ont été effectués à Paris depuis le début du confinement, donnant lieu à un peu plus de 69.000 verbalisations, selon un décompte arrêté samedi après-midi. Ces chiffres ne permettent pas de mesurer une éventuelle progression des infractions au fil des semaines.

"Le sujet n'est pas celui des attestations, puisque les gens sont en règle", confie à l'AFP un cadre de la mairie de Paris. "Le sujet, c'est de faire de la pédagogie, de dire aux gens : +vous êtes en règle, mais vous n'avez peut-être pas de raison de sortir non plus+".

Logements parisiens exigus, manque de lumière, retour du beau temps... les motivations pour contourner les règles sont nombreuses. Au grand dam des autorités qui, sous couvert d'anonymat, redoutent que "les gens craquent" et que l'épidémie de coronavirus, qui a touché l'Ile-de-France plus que d'autres régions, reparte de plus belle.

- "Humainement pas évident" -

Après près de six semaines de vie recluse, Mickaël, rencontré le long du canal de l'Ourcq (XIXe arrondissement) admet qu'"humainement parlant, c'est pas évident de rester cloîtré, comme ça, toute une journée".

Eric, qui a noué un tissu autour de sa bouche et de son nez, ne cache pas qu'il a "utilisé la possibilité de sortir tous les jours" en prétextant un besoin d'entretenir "la forme physique", un cas prévu dans l'attestation dérogatoire.

Les Parisiens privés de parcs et jardins, interdits d'accès jusqu'à nouvel ordre, se rabattent aussi pour certains sur les bois de Vincennes (à l'est) et de Boulogne (à l'ouest), impossibles à fermer faute de clôture.

"Les tresses de sécurité qui interdisaient l'accès au bois de Vincennes ont été arrachées. Donc les gens n'ont pas conscience de l'interdiction", dit Emmanuel Latil, agent de sécurité de la mairie de Paris qui, avec son équipe, "fait le tour pour rappeler aux gens qu'ils sont invités à quitter" les lieux.

Assise à un mètre de distance de sa voisine, sur un banc public, France, une vieille dame retraitée, avait "envie de prendre l'air". "Si on ne peut plus aller dans le bois", prévient-elle, "on ira dans la rue si c'est possible encore, en attendant le déconfinement".

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