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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déploré vendredi le refus du pape et de l'Eglise catholique de reconnaître leur "responsabilité" et leur "part de culpabilité" dans la gestion des pensionnats autochtones au Canada.
Il a appelé les catholiques canadiens à parler avec leurs prêtres et évêques pour faire "passer le message qu'il est temps que l'Eglise catholique reconnaisse sa responsabilité, sa part de culpabilité et, surtout, qu'(elle) soit là pour qu'on connaisse la vérité".
Les appels de groupes autochtones à des excuses du pape se sont multipliés ces derniers jours après la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, dans l'ouest du pays, géré par l'Eglise catholique au nom du gouvernement.
"Nous voulons des excuses", a souligné Rosanne Casimir, cheffe de la Première nation Tk'emlups te Secwépemc, qui a annoncé cette découverte la semaine dernière. "Des excuses publiques, pas seulement pour nous mais pour tout le monde", a-t-elle ajouté, lors d'une visioconférence, vendredi après-midi.
Interrogé pour savoir pourquoi il ne faisait pas pression sur l'Eglise catholique pour notamment qu'elle rende publics des documents sur ces pensionnats, M. Trudeau a rappelé qu'il était déjà intervenu sur cette question auprès du pape.
"Quand je suis allé au Vatican il y a quelques années, j'ai demandé directement au pape François d'être là pour aider les gens à guérir, pour reconnaître le rôle que l'Eglise catholique a eu dans cette tragédie", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
Mais le pape avait alors refusé de présenter des excuses personnelles au nom de l'Eglise catholique canadienne.
M. Trudeau a ajouté que son gouvernement était prêt, au besoin, à prendre des "mesures plus fortes", y compris éventuellement juridiques, pour forcer l'Eglise à restituer des documents exigés par les familles des victimes.
L'ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, où les dépouilles d'écoliers ont été localisées par géo-radar la semaine dernière, a été dirigé par l'Eglise catholique entre 1890 et 1969.
Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis, et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats semblables à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.
"Je trouve ça très difficile que l'Eglise catholique refuse encore de s'excuser et de participer au processus de vérité et de guérison dans lequel nous embarquons", a ajouté M. Trudeau.
Les pensionnats avaient pour but de retirer les enfants autochtones à leurs communautés pour les assimiler à la culture dominante.
En 2015, une commission nationale d'enquête a qualifié ce système de "génocide culturel".
La Conférence des évêques catholiques du Canada avait estimé lundi que la découverte des dépouilles près de l'ancien pensionnat de Kamloops était "bouleversante" et fait part de sa "profonde tristesse", mais sans présenter d'excuses formelles.