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Feu vert sous conditions: après deux mois de confinement, les médaillés olympiques français et tous les sportifs de haut niveau peuvent retrouver le chemin des salles d'entraînement. Mais la reprise sera progressive, surtout en l'absence de compétitions dans l'immédiat.
Depuis le début du confinement, le 16 mars, les règles étaient en théorie les mêmes pour tous. Que l'on soit détenteur du record du monde du décathlon comme Kevin Mayer, décuple champion du monde de judo comme Teddy Riner, ou sportif amateur, impossible de s'éloigner à plus d'un kilomètre de chez soi ou de déroger à la limite d'une heure d'activité physique en extérieur.
Un entraînement "fait maison", symbolisé sur les réseaux sociaux par Renaud Lavillenie sautant à la perche dans son jardin. Mais le temps commençait à être long pour certains, notamment pour les nageurs habitués à aligner les longueurs de bassin et privés des sensations de l'eau.
Au premier jour du déconfinement, un décret signé par le Premier ministre Edouard Philippe redonne un peu d'air aux quelque 5.000 sportifs inscrits sur les listes de haut niveau (senior, élite, relève) du ministère des Sports, ainsi qu'aux sportifs professionnels, autorisés à reprendre l'entraînement dans tous les équipements accessibles, même en intérieur. Pour les sportifs amateurs, les règles du kilomètre ou de l'heure sont levées, mais la pratique doit rester solitaire et en extérieur.
- "Activité professionnelle" -
Pour le haut niveau, "leur activité s'apparentant à une activité professionnelle, le seuil des dix personnes maximum autorisé (pour les regroupements) ne s'appliquera pas. Ils seront autorisés à s'éloigner à plus de 100 km de leur domicile pour la pratique de leur activité sportive", tout en respectant les règles de distance entre les personnes, explique le ministère des Sports.
En revanche, c'est toujours non pour les sports collectifs ou de combat.
"Les nageurs vont pouvoir retrouver l'eau, c'est un soulagement (...) On commence à entrevoir le bout du tunnel", résume à l'AFP le directeur technique national (DTN) de la natation, Julien Issoulié, même s'il faut que maintenant "les villes ouvrent bien les bassins".
Lundi, la météo a pesé sur l'ouverture des routes pour les coureurs cyclistes professionnels.
"J'ai croisé plein de cyclos, des retraités et des gens en télétravail. C'était la délivrance !", a raconté à l'AFP Nans Peters (AG2R La Mondiale) qui a limité sa sortie à 75 km, soit 2h40 de temps, dans le massif des Bauges (Savoie). "J'avais planifié il y a quelque temps une sortie de 280 kilomètres mais je me suis calmé en voyant la météo. J'ai préféré faire une reprise plus sensée, ce n'est pas le moment d'avoir une tendinite".
- Mannequins pour le judo -
"Ma fédération m'a demandé si je comptais retourner à l'Insep", le centre d'excellence du haut niveau français, situé au bois de Vincennes, à la limite de Paris, "mais une reprise de l'entraînement spécifique à tout prix n'est pas optimale pour moi", explique de son côté la fleurettiste Astrid Guyart, installée en banlieue lyonnaise. "Je suis tout le temps restée en contact avec les préparateurs physiques (de l'Insep), j'ai suivi un programme cardio et un programme de renforcement musculaire, je travaille mes déplacements... Et la prochaine compétition inscrite au calendrier de la Fédération internationale d'escrime, ce sont les JO de Tokyo", qui ont été reportés à 2021, ajoute-t-elle. De quoi voir venir.
Le DTN du judo, Jean-Claude Senaud, envisage un retour à l'Insep pour la "trentaine d'athlètes qui jouent la qualification pour les JO". Si les entraînements au corps-à-corps sont interdits, les judokas pourront s'entraîner sur des mannequins achetés par la fédération.
"Pour les lanceurs, on recommande qu'une seule personne manipule les engins ou qu'il soit désinfecté avant chaque changement d'utilisateur", explique à son tour le DTN de l'athlétisme, Patrice Gergès, qui appelle les sportifs à ne pas se précipiter et à se "réathlétiser" dans un premier temps.
A l'Insep, où s'entraînent d'habitude 800 sportifs, dont 500 accueillis à l'année, les DTN attendent une réunion jeudi pour connaître la marche à suivre. Mais une réouverture rapide ne fait pas l'unanimité. "On est extrêmement réservé, cela ne laisse pas le temps de mettre en place des protocoles sanitaires fiables. On est en train de bricoler", a souligné auprès de l'AFP le représentant des personnels administratifs et techniques au conseil d'administration de l'institut, Jean-Marc Grimont (Sgen-CFDT).
La réouverture doit aussi se faire progressivement dans les centres d'entraînement de haut niveau dans les régions, ainsi qu'au centre national d'entraînement en altitude (CNEA) de Font-Romeu (Pyrénées-Orientales).