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Le président russe Vladimir Poutine a qualifié vendredi de "sans précédent" l'arrestation et l'inculpation pour "haute trahison" au profit de Moscou d'un journaliste ukraino-russe travaillant en Ukraine.
"L'arrestation d'un journaliste, c'est un phénomène sans précédent", a déclaré M. Poutine, au cours d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie.
"On essaye d'inculper une personne de haute trahison en raison de ce qu'elle a fait publiquement et de l'exercice de ses fonctions professionnelles", a dénoncé le président russe, ajoutant avoir évoqué le cas de ce journaliste pendant ses pourparlers avec Mme Merkel.
Un tribunal ukrainien a ordonné jeudi le maintien en détention provisoire jusqu'à la mi-juillet de Kyrylo Vychynski, 51 ans, interpellé mardi à Kiev. La "haute trahison" est un crime passible de 15 ans de prison.
Le journaliste, qui a travaillé pour des médias ukrainiens avant de devenir il y a plusieurs années le correspondant de la télévision publique russe Rossia, puis d'être embauché par l'agence publique russe de presse Ria Novosti, rejette toutes les accusations portées à son encontre et dénonce une "atteinte à la liberté d'expression".
La justice ukrainienne l'accuse d'avoir eu des "activités subversives" à la demande de Moscou et d'avoir notamment cherché dans ses publications à "justifier l'annexion de la Crimée" en 2014 et de "soutenir" les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine.
L'épouse du journaliste, Iryna Vychynska, a affirmé vendredi, via une conférence vidéo retransmise de Kiev, ne pas avoir été autorisée à voir son mari, ni à lui parler, "même au téléphone".
Dmitri Kisseliov, le directeur général de la holding Rossia Segodnia, dont fait partie Ria Novosti, a qualifié vendredi les poursuites visant M. Vychynski d'acte "semblable à l'inquisition" et "totalement absurde".
Près de 150 personnes, pour la plupart des journalistes russes, ont manifesté vendredi devant l'ambassade d'Ukraine à Moscou, brandissant des pancartes : "#TruthNotTreason" ("la vérité n'est pas une trahison").
Présente à ce rassemblement, l'une des responsables de Rossia Segodnia, Margarita Simonian, a demandé aux Européens et notamment à Angela Merkel de "condamner" cette arrestation et d'"exiger sa libération".
La Russie a promis des "mesures de rétorsion" à l'encontre de Kiev et de "tout faire" pour obtenir la libération du journaliste, dont l'arrestation a suscité l'inquiétude de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l'Europe.