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Prison requise pour des soirées clandestines à la discothèque par temps de Covid

La vidéosurveillance était désactivée, les photos interdites mais la facture d'électricité les a trahis. Des peines de prison ont été requises vendredi contre les responsables d'une discothèque jugés pour des soirées clandestines organisées au mépris des restrictions sanitaires.

Devant le tribunal correctionnel de Vienne, Lenny Romero, 20 ans, évoque des "réunions entre amis" au printemps, où quelques-uns se seraient retrouvés autour d'un verre au César Palace, la boîte de nuit familiale, pour s'amuser malgré l'épidémie de coronavirus.

L'établissement situé à Grenay, l'un des plus gros de la région, a été créé par son père, Jean-Noël, qui possède les lieux et le fonds de commerce. Il est géré par sa sœur, Alyson, 32 ans, également poursuivie.

Capable d'accueillir plus d'un millier de personnes en temps normal, il a dû fermer ses portes du jour au lendemain avec le confinement il y a dix mois. L'interdiction de rouvrir court toujours.

Au printemps, les soirées manquent vite. "Une ou deux fois, un peu plus de monde s'est présenté, des gens pas invités par moi, par d'autres. J'ai pas réussi à dire non, j'ai été trop gentil, il y a eu beaucoup de bouche à oreille sur internet et au bout d'un moment, les amis des amis sont venus", bredouille Lenny, penaud dans la grosse parka qu'il garde pendant tout son interrogatoire.

"Et au bout d'un moment, ça fait combien de monde ?", questionne la présidente du tribunal, pas convaincue. Le prévenu parle de 70, 80 personnes au maximum mais des témoins évoquent le double.

Le nombre des soirées fait débat aussi: pas plus d'une dizaine selon Lenny, alors qu'Enedis a relevé 22 pics de consommation d'électricité entre avril et novembre dans la discothèque.

- Discrétion -

L'enquête a révélé un grand souci de discrétion: pas d'images, véhicules garés à l'abri des regards, paiement exclusivement en liquide - l'entrée était gratuite mais pas les consommations, plus chères qu'à l'ordinaire.

L'accusation a réclamé huit mois de prison ferme et 5.000 euros d'amende contre le jeune homme, déjà condamné dans le passé pour d'autres infractions, et six mois avec sursis contre sa sœur.

Tous deux sont poursuivis pour ne pas avoir respecté la fermeture administrative, travail dissimulé (un DJ et deux serveurs), mise en danger de la vie d'autrui et escroquerie au chômage partiel - l'entreprise a distribué quelque 12.000 euros reçus de l’État sur la période, alors que les soirées auraient rapporté 1.500 euros chacune.

La sœur soutient qu'elle n'était au courant de rien. "C'est vraiment prendre le tribunal pour des idiots", lâche la procureure, Audrey Quey, pour qui "toute la famille savait".

C'est le barman d'un autre établissement fermé de la région, ayant eu vent des soirées au César Palace, qui a prévenu les gendarmes dans la nuit du 10 au 11 octobre. Leur descente n'a pas mis fin immédiatement aux soirées.

De l'argent, des bouteilles et surtout beaucoup de matériel ont été saisis. La défense en a réclamé la restitution en plaidant la relaxe, ce à quoi s'est opposée la procureure.

"On sait tous que c'est un secteur qui souffre. J'ai conscience des conséquences mais est-ce normal d'avoir organisé des soirées clandestines pendant des mois quand la boîte de nuit d'à côté respectait la loi ? Ils ont joué, ils ont perdu", a lancé Mme Quey.

Jugement le 22 janvier.

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