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Le pape François a appelé dimanche, avant sa traditionnelle bénédiction pascale "Urbi et orbi", à répondre à la pandémie de Covid-19 par la "contagion de l'espérance" et exhorté les pays riches à "se garder de tout égoïsme" vis-à-vis des plus pauvres.
Depuis l'intérieur de l'immense basilique Saint-Pierre presque vide à l'heure du confinement, les premières pensées de François ont été adressées aux "malades, à ceux qui sont morts et aux familles".
L'an dernier, le pape avait célébré une messe en plein air, acclamé par 70.000 fidèles massés sur la place Saint-Pierre au Vatican, avant sa bénédiction Urbi et Orbi (à la ville de Rome et au monde) depuis la loggia du palais apostolique.
A la pandémie de Covid-19 qui "met à dure épreuve notre grande famille humaine", doit répondre une "contagion de l'espérance", a recommandé le pape dans son message. Cette fête est le plus important moment liturgique de la tradition chrétienne, qui célèbre la résurrection du Christ.
"Pour beaucoup, c'est une Pâques de solitude, vécue dans les deuils et les nombreuses difficultés que la pandémie provoque, des souffrances physiques aux problèmes économiques", a décrit tristement François.
- Imagination -
Le coronavirus a fait plus de 100.000 morts dans le monde et confiné la moitié de l'humanité, avec des conséquences économiques et sociales parfois terribles.
Alors que les fidèles sont confinés à travers le monde, les représentants des Eglises chrétiennes, qui totalisent plus de 2 milliards de croyants, ont parfois rivalisé d'imagination pour respecter les consignes.
En Grande-Bretagne, l'archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel des anglicans, a célébré la messe avec des milliers de fidèles grâce une vidéo enregistrée depuis sa cuisine.
Dans la banlieue de Lisbonne, le père Nuno Westwood a parcouru les rues debout dans une petite voiture décapotable, priant dans un micro pour se faire entendre des fidèles à leur fenêtre.
Au nord de Manille, le père Mark Christopher De Leon a accroché, sur les bancs de son église, les photos qu'ont envoyées les fidèles de sa paroisse, connectés via internet.
L'église San Martino Vescovo à Nembro, une commune décimée par le Covid-19 près de Bergame, en Italie, a opté pour un concert de chants religieux en streaming, sous les yeux du prêtre Antonio Guarnieri, lui-même guéri du virus.
Au Brésil, dans la basilique Notre-Dame d'Aparecida, plus grand sanctuaire catholique d'Amérique latine, l'archevêque Orlando Brandes a célébré la messe, retransmise à la TV, sans aucun fidèle.
"Restez chez vous, suivez les recommandations de nos médecins. C'est un acte de charité", a déclaré l'archevêque dans son homélie, prenant le contrepied des appels du président d'extrême droite Jair Bolsonaro à reprendre le travail, malgré les mesures de distanciation sociale prônées par le ministre de la Santé.
A Mexico, la traditionnelle représentation qui rejoue la résurrection du Christ et attire chaque année quelque 2 millions de fidèles, s'est faite en présence des seuls acteurs essentiels pour une retransmission télévisée.
Dans une poignée d'Etats américains, certaines Eglises protestantes ont, elles, appelé à des rassemblement de prière collective, faisant fi des conseils de prudence.
A Baltimore, au nord de Washington, une poignée de fidèles ont répondu présent à l'appel du pasteur Alvin Gwynn, dans un Etat du Maryland qui punit lourdement les rassemblements de plus de dix personnes.
- Égoïsmes -
Martelant que "ce temps n'est pas le temps des égoïsmes", le pape François, chef spirituel de 1,3 milliard de catholiques, a demandé que soient "relâchées les sanctions internationales" qui empêchent certains pays "de fournir un soutien convenable à leurs citoyens". Et a réclamé "de réduire" voire "d'annuler" la dette des pays pauvres.
Il a de nouveau appelé à "un cessez-le-feu mondial et immédiat", évoquant le Yémen, la Syrie, l'Irak, le Liban, le conflit israélo-palestinien, l'Est de l'Ukraine ou encore "les attaques terroristes" en Afrique.
"Ce n'est pas le temps de continuer à fabriquer et faire le trafic d'armes, dépensant des capitaux énormes qui devraient être utilisés pour soigner les personnes et sauver des vies", a-t-il dit, dans un message retransmis en direct dans le monde entier.
Le pape a souhaité que l'Europe, divisée quant aux réponses à apporter à la pandémie, retrouve "un esprit concret de solidarité".
A Jérusalem, pour la première fois en plus d'un siècle, le Saint-Sépulcre - considéré comme le lieu le plus sacré du christianisme, où, selon la tradition, le Christ a été mis au tombeau après avoir été crucifié - était lui aussi fermé au public.
Seuls quelques religieux y ont célébré la messe.