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"La porte est défoncée, ils ont mis un nouveau verrou": des dealers ont élu domicile juste en-dessous de chez Jacques à Huy

Nous vous parlions de l'inquiétude de certains habitants d'un quartier de Huy face à l'augmentation des faits de violence liés au trafic de stupéfiants. L'une de nos équipes est retournée sur place quelques mois après notre tournage. Les témoignages que nous avons recueillis sont interpellants. 

Jacques nous emmène là où les dealers ont élu domicile. Nous sommes juste en dessous de son salon. "Ils sont venus occuper les lieux. Ils font même des frites", confie-t-il en nous montrant la friteuse abandonnée sur un plan de travail. 

Son rez-de-chaussée est entièrement dévasté. Ils seraient, selon lui, 5 ou 6 à vivre ici. "La porte est défoncée. Ils ont mis un nouveau verrou", constate-t-il avec effroi. Avant de déplorer : "Donc, en fait, vous ne savez plus rentrer chez vous". Une odeur insupportable se dégage de la pièce d'à côté. 

En un an, Jacques a bien tenté de faire partir ces squatteurs. Il a même déposé plainte. Mais pour l’instant, rien ne bouge. Sa plus grande peur : un incendie qui pourrait ravager tous ses meubles de collection. "Je les entends qui font du bruit en dessous. Le problème pour moi, c'est qu'en bas, il y a une cheminée. S'il y a de la suie, ça peut faire un feu de cheminée et tout flambe. Moi, je dors au-dessus. Je n'ai pas envie de brûler comme Jeanne d'Arc", s'inquiète-t-il. 

Je ne sors plus toute seule.

Jacques vient de placer des protections partout autour de chez lui. "On met un cadenas pour ne pas qu'on sache rentrer au niveau du premier étage", témoigne-t-il. Ses voisins sont également très inquiets. "Je ne sors plus toute seule", souffle l'une d'entre eux. 

Les autorités de Huy sont au courant du phénomène. Pour expulser les dealers, la Ville a déjà dépensé près d’1,5 million d’euros dans des rachats de bâtiments squattés. Elle espère aussi davantage de soutien du gouvernement fédéral. Mais pourquoi est-ce si compliqué d’empêcher ce business de la drogue ?

"Ça fait 23 ans que je suis au parquet de Liège, et ça fait 23 ans que j'applique une tolérance zéro par rapport à ces ventes de stupéfiants. Il est possible que le juge d'instruction décide qu'il n'y a pas d'indice de culpabilité et relâche l'intéressé. Il estimera peut-être qu'il n'y a pas absolue nécessité pour la sécurité publique et qu'il n'y a pas un risque de récidive et décidera de libérer sous conditions. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien qui a été fait", assure Catherine Collignon, premier substitut du procureur du Roi de Liège. 

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