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Renault: le gouvernement durcit le ton, le prêt n'est "pas encore signé"

Une aide de l'Etat à Renault sous conditions ? Le gouvernement a durci le ton face au constructeur automobile en détresse, réclamant des garanties sur le maintien de son activité en France et rappelant qu'il n'avait pas encore donné son feu vert à un prêt de 5 milliards d'euros crucial pour sa survie.

Les informations du Canard Enchaîné, selon lesquelles le constructeur envisagerait de fermer quatre sites en France - dont l'emblématique usine de Flins - dans le cadre d'un vaste plan d'économies, ont suscité une levée de boucliers jusqu'au sein du gouvernement.

"Flins ne doit pas fermer", a martelé vendredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur Europe 1. "Nous attendons maintenant les propositions globales du président Jean-Dominique Senard sur son plan pour l'alliance (Renault-Nissan) et son plan pour Renault".

Mercredi, devant le Sénat, le Premier ministre Edouard Philippe avait déjà insisté: "Nous serons extrêmement attachés, voire intransigeants, à la préservation des sites en France". Et d'observer: si Renault "est une entreprise mondiale", "sa marque française est évidente".

Renault, avec ses alliés nippons Nissan et Mitsubishi, doit annoncer le 27 mai un plan stratégique pour l'alliance franco-japonaise, et le groupe français doit ensuite dévoiler le 29 mai les contours d'un plan d'économies de 2 milliards d'euros, annoncé en février.

Le groupe au losange traverse une mauvaise passe: après avoir enregistré en 2019 sa première perte nette en dix ans, Renault s'est vu encore fragilisé par la crise du coronavirus qui a paralysé ses usines et son réseau. Ses livraisons européennes ont chuté de 79% en avril.

- "Stratégie de long terme" -

Certes, l'État français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, a volé à son secours en garantissant un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros, approuvé par l'Union européenne. Mais il faut encore qu'il soit validé par Bruno Le Maire et un décret publié au Journal Officiel.

"Ce prêt, je ne l'ai pas encore signé", a insisté M. Le Maire dans un entretien au Figaro publié jeudi soir, avertissant que "Renault joue sa survie".

La directrice générale par intérim de Renault Clotilde Delbos avait indiqué fin avril que ce prêt ne remettait pas en cause le plan d'économies de Renault, ni d'éventuelles suppressions d'emplois, la seule condition fixée par le gouvernement étant le renoncement aux dividendes versés aux actionnaires cette année.

Le constructeur n'a pas commenté les informations du Canard Enchaîné. Selon une source proche du dossier, il ne s'agirait toutefois pas à Flins d'une fermeture mais de l'arrêt de la production automobile pour consacrer le site à une autre activité.

L'usine de Flins dans les Yvelines emploie 2.600 salariés et assemble les citadines Zoé (électrique) et la Micra de Nissan. Trois autres sites plus petits seraient également menacés selon l'hebdomadaire (Choisy-le-Roi, Dieppe et la fonderie de Bretagne à Caudan).

"Ce qui nous paraît important, c'est de savoir quelle est la stratégie de long terme de Renault. (...) Comment est-ce qu'ils nous garantissent que demain, les véhicules électriques seront localisés en France?", s'est interrogé Bruno Le Maire sur Europe 1.

- Technologies en France -

Dans le même temps, son partenaire Nissan prévoit de supprimer plusieurs milliers de suppressions d'emplois supplémentaires dans le monde, a affirmé vendredi l'agence de presse japonaise Kyodo News.

Après avoir déjà annoncé l'été dernier son intention de supprimer 12.500 emplois d'ici mars 2023, un nouveau plan de redressement porterait ces coupes à 20.000 emplois, soit 15% des effectifs mondiaux.

Alors que la déflagration de la pandémie menace l'industrie automobile mondiale, Paris planche sur un plan de soutien spécifique au secteur: ce plan, attendu par la filière entière, sera annoncé la semaine prochaine par le président Emmanuel Macron.

Mais des contreparties sont attendues, a prévenu M. Le Maire dans le Figaro: "nous demandons aux constructeurs de prendre des engagements dans trois directions: le véhicule électrique, le respect de leurs sous-traitants et la localisation en France de leurs activités technologiquement les plus avancées".

"Toutes les aides que nous apportons aux entreprises doivent être orientées dans ces deux directions: la décarbonation de l'économie française et l'amélioration de sa compétitivité", a-t-il ajouté.

Selon le quotidien Les Echos, le gouvernement devrait arbitrer "ce weekend" sur d'éventuelles aides en faveur de véhicules thermiques en plus du soutien affiché aux voitures électriques et hybrides.

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