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Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, en visite en France, a rencontré dimanche le chef d'un des principaux groupes rebelles au Darfour, Abdel Wahid Nur, une "étape essentielle" pour la paix dans ce pays, s'est félicité lundi le président français Emmanuel Macron.
"Nous avons facilité l'entretien que le Premier ministre Hamdok a eu hier (dimanche) avec Abdel Wahid Nur, qui se trouve dans notre pays. La décision d'accepter cet entretien que vous avez souhaité est une bonne décision et je pense que l'étape franchie hier est une étape essentielle", a déclaré lundi M. Macron, au cours d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre.
Exilé en France, Abdel Wahid Nur dirige l'Armée de libération du Soudan (SLA-AW), qui lutte contre Khartoum depuis 2003. Le conflit au Darfour a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, selon l'ONU.
Le Soudan est entré dans une période de transition, après des décennies d'autoritarisme sous Omar el-Béchir, destitué par l'armée le 11 avril sous la pression populaire.
Le pays s'est doté en août d'un Conseil souverain devant superviser la transition vers un pouvoir civil. M. Hamdok est en poste depuis un peu plus d'un mois.
"Grâce au soutien d'amis comme le président Macron, je pense que nous sommes en train de faire les premiers pas dans la bonne direction vers cette paix. La France est le seul pays qui peut nous rassembler et la preuve en est la rencontre que vous avez organisée avec Abdel Wahid Nur", a déclaré pour sa part M. Hamdok lors du point de presse.
"Nous avons eu des échanges très profonds. Je pensais que ce serait une réunion d'une demi-heure et en fait nous sommes restés ensemble à parler pendant près de 3 heures. Nous avons abordé les racines de la crise soudanaise, les possibilités de solution et avec lui nous allons poser les premières pierres pour cet édifice de la paix", a détaillé le Premier ministre soudanais.
Le Soudan fait face à de nombreux défis: reconstruire une économie moribonde et conclure des accords de paix avec les groupes rebelles dans les zones de conflit des Etats du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu.
- "Avancée" -
Interrogé lundi soir par l'AFP, le chef rebelle Abdel Wahid Nour, âgé de 50 ans, a "remercié" le président Macron d'avoir permis cette rencontre, dont M. Hamdock était demandeur, a-t-il indiqué.
"Nous avons permis une avancée", a-t-il commenté à propos de cette rare rencontre.
Précisant que son mouvement rebelle "ne reconnaissait pas" le Conseil souverain, il a ajouté avoir accepté de rencontrer M. Hamdock "non pas en tant que Premier ministre mais en tant qu'individu et figure politique du pays".
"C'est un homme bien", a-t-il commenté. "Si il veut vraiment apporter la paix et le développement dans notre pays, alors pourquoi pas !", a lancé le chef rebelle.
Il a indiqué que l'un des aspects les plus importants de leur discussion a été le fait que "le processus de paix et le changement dans le pays ne sont pas concrétisés". "Il n'y a pas de paix, pas de presse libre, pas de justice, les massacres continuent au Darfour, dans les monts Nouba et l’État du Nil Bleu", a-t-il accusé.
Interrogé sur quelles seraient les prochaines étapes, le chef rebelle a répondu que le Premier ministre et lui même avaient prévu de se parler à nouveau, et qu'il allait communiquer avec sa base au Soudan pour les informer de cette rencontre et discuter de la marche à suivre.
Il a exclu de se rendre prochainement au Soudan, estimant que les conditions de sécurité n'y étaient pas réunies.
Lundi, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait "porter son appui (au Soudan) à un niveau inédit". "L'Agence française de développement mobilisera une enveloppe de 60 millions d'euros pour accompagner la transition", dont 15 millions d'euros "pourront être engagés dans les prochaines semaines".
Il a aussi annoncé l'organisation prochaine en France d'une "conférence internationale de mobilisation des bailleurs publics et privés internationaux" en faveur du Soudan et de sa région.