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A Rennes, les catholiques s'apprêtent à vivre une semaine sainte bien particulière

A Rennes, les catholiques s'apprêtent à vivre une semaine sainte "très particulière", même si les multiples initiatives, notamment sur internet, leur permettent d'atténuer le confinement et de continuer à vivre leur foi "intensément".

Dans la très catholique capitale bretonne, où il n'est pas rare d'avoir des églises pleines le dimanche matin, les messes en public ont été interdites avec l'annonce du confinement. "Il a fallu trouver de nouvelles façons de répondre à la demande des chrétiens de prier et de se réunir", explique le père Nicolas Guillou, curé de Notre-Dame en Saint-Melaine, qui fait sonner les cloches à 20h00 en solidarité avec le monde médical.

Aussi, "on utilise beaucoup Facebook et YouTube pour les messes, j'ai eu plus de 1.000 vues pour la première filmée avec un téléphone alors qu'il y a environ 400 personnes à la messe du samedi soir", note-t-il, soulignant également les nombreuses demandes d'inscriptions sur Facebook de personnes âgées pour suivre les initiatives de la paroisse.

Patricia Lorans, 55 ans, a ressenti une "bouffée d'angoisse" pour les personnes âgées seules en cette époque du calendrier liturgique où les catholiques ont l'habitude de sortir, comme lors du chemin de croix.

Ainsi, depuis le début du confinement, une vingtaine de personnes participent au dispositif des "Anges gardiens" qui apportent un soutien spirituel en téléphonant à des centaines de personnes seules et parfois âgées, peu rompues à internet. "Ca leur fait énormément de bien. Pour vous donner une idée, mon téléphone se décharge deux fois par jour", dit-elle.

Les jeunes également se sont mis en quatre. Jeanne Berthon, étudiante de 20 ans en médecine, a réussi à coordonner douze jeunes qui ont enregistré de chez eux le même morceau avec un instrument ou leur voix qui sera ensuite diffusé entre les lectures à l'occasion de la veillée pascale.

"Beaucoup de catholiques se bougent sur les réseaux pour continuer cet esprit de fraternité. Ca nous apporte énormément de joie, on a toutes les ressources qu'il faut", se félicite-t-elle. Egalement au programme, une "procession pascale virtuelle en selfie" sera diffusée.

- La difficulté de ne pas communier -

Mais alors que débute "la montée vers Pâques", la plus importante des fêtes chrétiennes, certains pratiquants s'attendent à vivre, voire redoutent, une semaine sainte "très particulière".

"Le plus gros problème est de ne pas pouvoir communier. Cette semaine va être particulièrement dure, ne pas assister aux offices va beaucoup nous manquer mais c'est comme ça", tente de philosopher Patricia.

Anne, mère de famille qui a observé le carême pour préparer Pâques chaque vendredi soir "en mangeant du riz et du poisson pané" avec un crucifix et des bougies sur la table, s'agenouillera devant sa télévision durant la consécration de l'hostie lors des messes cette semaine.

Et pour le jeudi saint, "on va se laver les pieds avec une bassine et faire ce geste entre nous", dit-elle, en référence au geste que fit Jésus aux apôtres avant son dernier repas. Quant au vendredi saint, qui commémore la crucifixion, "ça va sans doute être difficile de rester confinés", reconnaît-elle.

Fabienne, 60 ans, qui pratique la lectio divina (lecture sainte) avec six personnes depuis le début du confinement sur "zoom", un logiciel de vidéoconférence, dit vivre "plus intensément le carême", qui a débuté le 26 février et doit s'achever samedi.

En restant cloîtré, "on vit des choses avec plus d'intensité, on dépense moins d'argent, on mange moins". Ne pouvant assister aux messes de la semaine sainte, elle va les regarder sur internet. "C'est difficile de ne pas aller aux messes, mais vu ce qui se passe dans le monde, c'est un sacrifice qu'on peut faire en tant que catho".

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