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Le procès d'un avocat associé d'un grand cabinet d'affaires parisien, soupçonné d'avoir capturé avec son téléphone des images sous les jupes de trois stagiaires en 2014 et 2019, a été interrompu vendredi et renvoyé au 1er juillet afin que de nouvelles investigations soient menées.
Après huit heures de débats denses, le tribunal correctionnel a ordonné contre toute attente un supplément d'information afin qu'une nouvelle expertise informatique et des expertises psychologiques du prévenu et des parties civiles soient réalisées.
Une enquête avait été ouverte après la plainte en août 2019 d'une jeune femme, stagiaire au sein d'une autre équipe, qui avait rapporté avoir été invitée lors d'un rendez-vous avec cet avocat de 58 ans, spécialisé en droit social, à faire le tour du bureau pour entrer une information sur son ordinateur.
Alors qu'elle se tenait debout devant lui, elle a expliqué avoir entendu le son caractéristique de la mise en route d'une vidéo puis avoir aperçu le téléphone portable de l'avocat entre ses jambes.
"J'ai été complètement sonnée et le temps de reprendre mes esprits, j'ai appuyé sur la première suggestion Google et je me suis mise en retrait", a-t-elle expliqué vendredi à la barre.
A partir du signalement d'une avocate, deux autres anciennes stagiaires avaient ensuite été contactées par les enquêteurs et avaient raconté des faits similaires datant du printemps et de l'été 2014, expliquant qu'elles étaient elles aussi derrière l'ordinateur à la demande de l'avocat, l'une avait aperçu des "flash", l'autre le téléphone allumé non loin derrière elle.
"J'ai une vérité qui n'a pas bougé d'un fil, on ne m'a pas cru", a déclaré cette dernière à l'audience. "Je suis là pour dire la vérité et pour que ça ne se reproduise pas". Les deux femmes avaient rapidement quitté le cabinet après les faits qu'elles dénoncent.
Au cours de l'enquête, certaines collègues ont raconté que l'avocat pouvait faire des "remarques déplacées" sur le physique de collaboratrices féminines, mais cinq autres, actuelles ou anciennes collaboratrices citées par la défense, ont assuré à la barre qu'il n'avait jamais eu de gestes ou de propos de ce type.
"Je conteste les faits reprochés de façon la plus vive qui soit", s'est défendu le prévenu. "Je suis en colère (...) parce que dans cette affaire, évidemment, je suis totalement innocent et je dis, et nous le démontrerons, que les trois plaignantes sont dans le mensonge", a-t-il poursuivi.
La défense a notamment soutenu que ces accusations avaient pour origine des "rumeurs" et "calomnies" liées à un conflit interne au sein du cabinet.
L'avocat encourt jusqu'à un an d'emprisonnement.