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Le principal point de passage entre la Syrie et la Jordanie, autrefois vital pour le transit de marchandises au Moyen-Orient, sera rouvert lundi après trois ans de fermeture, ont annoncé dimanche les autorités des deux pays.
Ce poste appelé Nassib du côté syrien et Jaber du côté jordanien, était fermé depuis 2015 sur décision d'Amman. Sa réouverture a été décidée après la reprise en juillet dernier par le régime syrien aidé de son allié russe, de la région bordant la frontière jordanienne, contrôlée alors par les rebelles.
A Amman, la ministre d'Etat chargée des médias et porte-parole du gouvernement, Joumana Ghneimat, a annoncé dans un communiqué "la réouverture lundi du poste-frontière".
A Damas, le ministre de l'Intérieur Mohammed al-Chaar a annoncé un accord avec la Jordanie pour rouvrir le passage frontalier.
Il a indiqué à l'agence de presse officielle Sana qu'un comité technique syro-jordanien avait convenu lors d'une réunion dimanche au poste-frontière "des préparatifs et des mesures en vue de la réouverture du passage lundi".
Des travaux de rénovation du poste-frontière et la réhabilitation des routes qui y mènent ont commencé afin de rétablir la circulation et de faciliter le transport des passagers et des marchandises entre les deux pays, selon Sana.
Après plus de sept ans de conflit, le régime syrien ne contrôle que la moitié des 19 points de passage avec ses voisins, le Liban, la Jordanie, l'Irak et la Turquie.
Damas, dont l'économie est en lambeaux, espère la réouverture de Nassib, où des centaines de camions transitaient quotidiennement avant la guerre, transportant les importations et les exportations et assurant la connexion entre la Syrie et la Jordanie ou les pays du Golfe.
Sa réouverture serait aussi une bonne nouvelle pour les agriculteurs et commerçants libanais, dont les activités commerciales vers les pays du Golfe ont été durement affectées depuis sa fermeture.
La fermeture de la frontière en 2015 avait porté un coup dur à l'économie jordanienne, alors que les échanges commerciaux par voie terrestre avec la Syrie avaient totalisé 615 millions de dollars (530 millions d'euros) en 2010.
L'isolement commercial de la Jordanie, un pays pauvre en hydrocarbures et très dépendant de l'aide internationale, s'était doublé d'une crise humanitaire et financière sans précédent en raison de l'afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens fuyant la guerre dans leur pays.
Avant le conflit en Syrie, des centaines de camions transitaient quotidiennement via la zone franche de ce poste-frontière, transportant les importations et les exportations de la Jordanie et assurant aussi la connexion entre le royaume hachémite et l'Europe, via la Turquie.
Le poste-frontalier est "une artère vitale pour le commerce entre la Syrie et la Jordanie et à travers eux avec de nombreux pays", a dit la porte-parole jordanienne.
En juillet dernier, le président de la Chambre de commerce de Ramtha située à quelques km de la frontière syrienne, Abdelsalam Ziabat, avait affirmé que "des centaines de millions de dollars entraient dans les caisses de l'Etat" jordanien par an, avant la guerre en Syrie.
"Une reprise par l'Etat syrien des frontières et points de passage relancerait économiquement Ramtha en particulier et la Jordanie en général", avait-il dit
Le roi Abdallah II de Jordanie, même s'il a par moments appelé à un départ du président Bachar al-Assad et soutenu et entraîné certains groupes rebelles, a toujours préconisé un règlement politique au conflit en Syrie où la guerre a fait plus de 360.000 morts en plus de sept ans.