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Un séisme de magnitude 7,2 a secoué Haïti ce samedi, faisant plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés, selon un bilan provisoire. Quels sont les besoins du pays pour surmonter cette catastrophe? Le responsable des urgences pour Médecins sans frontières a répondu aux questions de notre présentatrice Salima Belabbas dans le RTL INFO 19H.
Salima Belabbas: Quels sont les besoins les plus urgents pour venir en aide à la population sur place?
Michel Lacharité: L'urgence immédiate, c'est d'apporter le soutien dans les hôpitaux. La protection civile et les sapeurs-pompiers sont en train de sortir et d'évacuer les blessés. Donc l'urgence du moment, c'est vraiment d'avoir cette prise en charge chirurgicale pour essayer de sauver les membres des personnes qui ont eu des fractures. C'est la priorité pour les deux ou trois prochains jours et cette semaine. Par la suite, les populations se retrouvent sans abris. Il y a plus de 2.000 maisons qui ont été détruites. Donc elles sont à l'extérieur, elles n'ont plus confiance dans les structures. Donc dans un deuxième temps, il y aura l'urgence d'apporter de l'eau, de la nourriture, et des abris pour ces personnes dans la rue.
Salima Belabbas: Est-ce que votre organisation a déjà pu envoyer du matériel et des renforts?
Michel Lacharité: Médecins sans frontières est déjà présent en Haïti. On a environ une quarantaine de personnes, de salariés internationaux, qui sont sur place. Et environ un millier de Haïtiens qui sont déjà avec Médecins sans frontières. Aujourd'hui, on est en train de préparer une réponse. Des coordinateurs d'urgence pour coordonner l'opération, des équipes chirurgicales pour prendre en charge les blessés, et puis aussi des ingénieurs, des spécialistes qui vont nous aider à distribuer de l'eau et faire des distributions sont en train de partir. Donc les premières équipes vont se rendre sur Haïti demain (ndlr: lundi) et d'autres personnes vont arriver dans le courant de la semaine.
Salima Belabbas: Dans un pays avec peu d'infrastructures et une situation politique instable, c'est encore plus difficile d'agir?
Michel Lacharité: Effectivement, les infrastructures sont touchées. On n'a pas une lecture très claire de la situation des différents hôpitaux. Les villes qui ont été touchées sont quand même des grandes villes. Des villes de plus de 100.000 personnes. Les premières informations qu'on a, c'est que les hôpitaux sont toujours debout. Mais on ne sait pas si elles sont fiables. C'est ce qu'on va découvrir dans les prochains jours. L'autre considération est de savoir si on a les bonnes personnes sur place. Est-ce qu'il y a suffisamment de chirurgiens, d'anesthésistes? Avec les bonnes (compétences). Tout ça est à vérifier et à voir. L'autre élément concerne les infrastructures routières. Il y a eu des glissements de terrain. C'est extrêmement difficile de faire les références des blessés vers les hôpitaux. Nos équipes ont tenté de rallier Jérémie, entre les Cayes et Jérémie aujourd'hui la route était bloquée. Donc tous les transports se font par hélicoptère. Et il y a une tempête tropicale qui arrive sur Haïti, donc elle va limiter complètement les déplacements par hélicoptère dans les deux prochains jours. C'est ce qui complique encore plus le déploiement des secours.