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"Golden boy" déchu de la finance, Arnaud Mimran s'est dit jeudi "innocent" dans le dossier de la séquestration en 2015, en vue de son extorsion, d'un richissime financier suisse qui lui vaut de comparaître devant les assises de Paris.
Le sulfureux homme d'affaires de 49 ans est jugé depuis mardi 8 juin avec cinq autres accusés - dont l'un de ses proches, l'ancien champion de boxe thaï Farid Khider - pour enlèvement, séquestration et extorsion en bande organisée.
A l'ouverture de son interrogatoire sur les faits, dans la salle Voltaire pleine et moite de la cour d'appel de Paris, M. Mimran s'est levé, chemise rose et mains jointes, et a proclamé être "innocent dans cette affaire".
Issu d'une famille aisée du XVIe arrondissement de Paris, flambeur et grand amateur de poker, Arnaud Mimran conteste avoir commandité le rocambolesque enlèvement du trader suisse - qui s'est constitué partie civile - comme il nie avoir été le principal bénéficiaire de l'extorsion.
Pied à pied, M. Mimran a contesté pendant plusieurs heures, dans des échanges parfois âpres, chaque élément du dossier.
Était-il ruiné au moment des faits, comme l'a avancé le dossier d'instruction, ce qui aurait pu entraîner un besoin très immédiat d'argent ? Arnaud Mimran le conteste. Et puis "endetté ou très riche, je n'aurais jamais pensé à recourir à une séquestration pour gagner de l'argent", balaie-t-il.
Selon le dossier d'instruction, l'escroc à la taxe carbone aurait fait venir début janvier 2015 le financier suisse à Paris pour le faire séquestrer afin de lui faire acheter des actions de sa société.
M. Mimran raconte une histoire toute différente : le financier suisse lui a raconté lors d'un rendez-vous avoir fait "une mauvaise affaire" en achetant un terrain en Corse "à des voyous". "Il est très énervé et il veut récupérer l'argent de ce terrain".
En venant à Paris, le financier aurait pensé rencontrer un homme dans le milieu du grand banditisme vers lequel Mimran l'aurait orienté, car il était "susceptible de l'aider" dans ce dessein, selon sa version.
Mais cet homme, "chef" présumé des ravisseurs tué pendant la séquestration, aurait organisé celle-ci de son propre chef. M. Mimran se dit étranger à cela.
Les six coaccusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Un septième homme, un financier britannique renvoyé pour recel, est recherché et sera jugé par défaut.
Le verdict est attendu le 25 juin.