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L'accusation a requis lundi deux à quatre ans de prison à l'encontre de proches de Serge Dassault, soupçonnés d'avoir participé à un système d'achat de votes lors des municipales de 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes (Essonne).
Le procès de six personnes --dont Jean-Pierre Bechter, l'ancien maire LR de cette commune située au sud de Paris-- a repris lundi après une troisième suspension liée à un cas de Covid-19 parmi les avocats de la défense.
"Les faits sont d'une extrême gravité", a estimé dans son réquisitoire le procureur financier Patrice Amar. "On n'a jamais vu en France une ville livrée à un tel degré de corruption et de décomposition civique", a-t-il poursuivi.
A l'encontre de M. Bechter, 75 ans, ex-bras droit de Serge Dassault et tête de liste au moment des faits, il a requis 4 ans de prison et 100.000 euros d'amende, en soulignant que, "compte tenu de son âge et de son état de santé", le prévenu pourrait bénéficier d'un aménagement de peine.
Le magistrat a demandé deux ans de prison ainsi que 15.000 euros d'amende pour deux ex-adjoints à la mairie, Jacques Lebigre, 79 ans et Christelle de Oliveira, 41 ans, ainsi que pour trois intermédiaires présumés, Younès Bounouara (48 ans), Machiré Gassama (43 ans) et Mounir Labidi (36 ans) - en fuite depuis le début de l'enquête. Pour tous, il a requis 5 ans d'inéligibilité.
Depuis le début du procès, le 5 octobre, les prévenus réfutent l'existence d'un système de corruption électorale pyramidal lors des deux élections municipales partielles de 2009 et 2010.
Selon l'accusation, ce système consistait à recruter des équipes de lobbyistes dans les quartiers, qui se chargeaient de convaincre les habitants d'aller voter pour M. Bechter en échange de dons, de promesses de logement ou d'emploi.
Le tout alimenté par des millions d'euros provenant de la fortune de Serge Dassault.
"A titre posthume", Patrice Amar a d'ailleurs symboliquement "requis" à l'encontre du milliardaire, décédé en 2018 à 93 ans, "les 5 ans d'emprisonnement" qu'il aurait "encourus" s'il avait été renvoyé devant le tribunal.
Mis en examen dans ce dossier en 2014, l'avionneur avait reconnu des "dons" mais nié tout lien avec les élections, se disant victime d'extorsion de la part d'individus "informés de sa générosité".
Les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre mardi et la décision sera ensuite mise en délibéré.