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"Mardi matin, on sera prêt" : à Strasbourg, les salariés du célèbre restaurant la Maison Kammerzell redoublent d'efforts avant d'accueillir leurs premiers clients depuis la mi-mars et de tourner enfin la page du confinement.
Masque sur le visage, chiffon et bidon de produit désinfectant dans les mains, Vincent Leclopé s'affaire sur des boiseries : "j'enlève d'abord toutes les poussières" accumulées pendant les longues semaines de fermeture, une première étape avant d'autres désinfections, explique le maître d'hôtel.
En effet, passer une seule fois du produit ne suffit pas : "les poussières risqueraient de coller au bois et ça ne serait pas propre", poursuit-il.
Fenêtres, poignées, tables, chaises... "On a passé plusieurs heures à tout nettoyer" et faire la chasse au coronavirus. "Lundi, on a une seconde désinfection Covid, encore plus poussée", renchérit Théo Stutzmann, également maître d'hôtel.
"Il faut pouvoir mettre les verres et les couverts sur les tables" et que tout soit prêt pour accueillir les clients mardi, abonde Vincent.
- "Confiants" -
A l'image de Vincent et Théo, ils étaient en ce long week-end de Pentecôte une dizaine de salariés de la Maison Kammerzell à briquer, dépoussiérer, désinfecter les salles de l'un des restaurants les plus prestigieux de Strasbourg, où se sont attablés chefs d'Etat et vedettes du monde entier.
Édifié en 1427, classé monument historique, l'élégant bâtiment à colombages aux allures de maison de conte de fée trône en plein centre historique de Strasbourg, juste à côté de l'imposante cathédrale.
Sa terrasse, d'ordinaire prise d'assaut par les touristes, est cette fois occupée par des salariés occupés à mesurer les distances entre les tables, distanciation physique oblige. Au sol, des points blancs servent de repères pour disposer tables et chaises.
L'établissement, réputé pour sa choucroute aux trois poissons et qui peut servir jusqu'à 1.200 couverts par jour, va devoir renoncer à une partie de ses tables et couverts. A l'intérieur comme en terrasse, la "Kamm" va en perdre à chaque fois "20%", estime son patron, Jean-Noël Dron.
Mais "l'intérêt de la Maison Kammerzell", ce sont ses "dix salles différentes", avec "trois grandes" d'habitude dévolues aux banquets et qui seront "complètement réaménagées en salles pour +individuels+" et permettront de limiter les pertes de couverts.
"On est très confiants", glisse M. Dron : lorsque le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé jeudi que les cafés et restaurants pouvaient rouvrir le 2 juin, "on a pu finaliser les +check lists+ d'ouverture et là, on les déroule. Mardi matin, on sera prêt de manière certaine".
Une perspective qui ne peut que réjouir les plus de 80 salariés de l'établissement : deux mois et demi après le "choc" de l'annonce du confinement et de la fermeture des établissements "non vitaux", les salariés ont "vraiment très envie de reprendre", sourit l'entrepreneur.
- "Un bien fou" -
"Ca va nous faire un bien fou", confirme Théo Stutzmann, même si le personnel et les clients devront rapidement adopter de nouvelles pratiques, comme le masque obligatoire pour les serveurs. Probable également que les salières, poivrières et autres pots de moutarde disparaissent des tables, au profit de "sachets unidoses".
"On a tous demandé une fois la salière à un voisin de table. Là, ce ne sera plus possible", prévient M. Stutzmann.
Les clients devront également arriver et circuler dans le restaurant avec un masque, et en seront évidemment dispensés à table. Dès qu'ils se lèveront, par exemple pour aller aux toilettes, ils devront le remettre, prévient Jennifer Viix, directrice commerciale de l'établissement.
Quant à l'accès aux trois étages du restaurant, il se fera par deux escaliers différents : l'un réservé à la montée, l'autre à la descente afin d'éviter que les clients se croisent, précise Théo Stutzmann.
A la veille de la reprise, Jean-Noël Dron se doute bien que le monde de la restauration "rentre dans une période totalement inconnue", une perspective qui ne le rend "pas du tout inquiet" : la Maison Kammerzell "a connu depuis 1427 de multiples épidémies, des guerres nombreuses. Une chose est sûre : ce bâtiment et cet établissement nous survivront à tous".