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Syrie: les donateurs peinent à se mobiliser, appel à la reprise des pourparlers de paix

La communauté internationale réunie à Bruxelles a promis mercredi 4,4 milliards de dollars (3,6 mds EUR) pour aider les millions de déplacés et réfugiés syriens en 2018 et a exhorté la Russie et l'Iran à faire pression sur Damas pour négocier la fin d'une guerre entrée dans sa huitième année.

Les résultats sont bien en deçà des attentes. "Nous aurions souhaité davantage, mais c'est un bon début", a admis Mark Lowcock, le responsable des affaires humanitaires et des secours d'urgence de l'ONU.

L'ONG britannique Oxfam a d'ailleurs fustigé une réponse "tragiquement inadéquate" à la crise humanitaire en Syrie

L'ONU avait chiffré les besoins à 3,5 milliards de dollars (2,8 mds euros) pour l'aide humanitaire en Syrie et à 5,6 (4,5 mds d'euros) pour soutenir les réfugiés dans les pays voisins. Selon l'ONU, 13 millions de personnes sont dans le besoin, dont 5,6 millions dans une situation d'urgence.

"Les montants promis (mercredi) sont loin d'être négligeables (...) Nous aurons des promesses supplémentaires d'ici à la fin de l'année", a assuré le responsable onusien.

- "Echanges tendus" -

De fait, les Etats-Unis, l'un des plus importants donateurs, n'ont pas communiqué leur contribution et un accord des Etats membres de l'UE est attendu sur la facilité financière pour les réfugiés en Turquie (trois milliards d'euros sur deux années).

Le commissaire européen à l'Aide humanitaire, Christos Stylianides, a fait état d'engagements supplémentaires de 3,4 mds USD (2,8 mds EUR) pour 2019 et 2020, se félicitant que l'UE et ses pays membres soient à l'origine des "trois quarts" des promesses de dons faites mercredi.

La France a notamment promis 1,1 milliard d'euros pour la période 2018-2020, dont 850 millions en prêts pour les pays d'accueil des réfugiés dans la région.

La partie politique de la conférence de Bruxelles II - à laquelle ont pris part plus de 80 pays, ONG et agences humanitaires - n'a pas non plus été facile.

Les échanges avec les représentants de la Russie et de l'Iran, les deux soutiens militaires du régime syrien, "ont parfois été assez tendus", a reconnu la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, co-présidente de la réunion.

"Nous n'attendions pas une percée politique aujourd'hui", a souligné l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. "Nous n'avons pas vu de revirement des délégations (russe et iranienne) mais nous avons évité une confrontation", a-t-il observé.

"Nous avons besoin que la Russie et l'Iran exercent une pression sur le régime de Damas afin qu'il accepte de s'asseoir à la table des négociations menées sous les auspices de l'ONU", a insisté Mme Mogherini.

- Victoire à la Pyrrhus -

"Il faut expliquer à ceux qui pensent qu'avec des mouvements militaires on peut arriver à la paix que ce sera une victoire à la Pyrrhus", a plaidé l'émissaire de l'ONU. "Il est dans l’intérêt du gouvernement syrien de trouver une solution politique", a argué M. de Mistura.

La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères a toutefois lancé une mise en garde : "l'argent de l'UE pour la reconstruction ne sera pas disponible tant qu'il n'y aura pas le début d'une processus de transition politique à Genève", où se déroulent des négociations sous l'égide de l'ONU. "Personne ne peut imaginer que nous allons financer Assad. C'est pour cette raison qu'il faut soutenir une solution politique", a-t-elle lancé.

Une nouvelle conférence des donateurs sera organisée à Bruxelles en 2019. "Nous espérons qu'elle pourra être consacrée à la reconstruction", a souhaité Mme Mogherini.

La France, elle, veut se montrer intransigeante sur la conditionnalité pour la reconstruction. "Nous devons dire non, empêcher la communauté internationale de devenir complice de ces crimes, ce qu’elle ne manquerait pas de devenir si elle s'engageait sur la voie des incitations économiques ou du financement d'actions de relèvement précoce dans les zones sous contrôle du régime", a expliqué le secrétaire d'Etat français auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne.

La représentant de la France a participé aux côtés des ministres de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de la Suède, des Pays-Bas, de la Belgique et du Danemark à une réunion consacrée à la lutte contre l'impunité des criminels en Syrie. "Nous devons faire le serment à Bruxelles que pas un seul responsable des crimes commis en Syrie ne pourra échapper à la justice", a plaidé M. Lemoyne.

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