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Traque de Jürgen Conings: le rapport de l'inspection militaire pointe des manquements au sein du service de renseignement

Le rapport de l'Inspection générale de la Défense sur l'affaire Jürgen Conings pointe du doigt plusieurs manquements au sein du Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS), notamment l'absence à une réunion importante et la non transmission d'informations, est-il ressorti d'un exposé fait par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, en commission de la Chambre.

Parmi les informations qui n'ont pas circulé correctement figure l'inscription du militaire sur la liste de l'OCAM au niveau 3 de menace. Le 17 février, le SGRS est absent à une réunion importante de la taskforce locale de sécurité où il en est question. L'information ne lui parvient qu'une semaine plus tard et n'est diffusée en interne que le 2 mars. "Cette information ne reçoit pas l'attention nécessaire", a souligné mercredi la ministre.

Elle est envoyée à l'organe chargé de la collecte de renseignements mais ne remonte pas au sein du SGRS et n'est pas communiquée à d'autres directions. Autre information cruciale: le retrait de l'habilitation de sécurité de Jürgen Conings. La décision est prise le 31 août 2020 en raison des liens du soldat avec l'extrême-droite et ses déclarations au SGRS. Il faut attendre le 17 septembre pour que l'officier de sécurité de la composante Terre de l'armée soit prévenu et le 12 novembre pour que l'intéressé en soit informé.

Des manquements aux règles constatés

Les instructions en vigueur ne prévoient pas la notification à d'autres personnes. Ni le chef de service de Conings, ni la composante Terre de manière générale ne sont informés officiellement. Le 10 novembre, un entretien a lieu entre "la ligne hiérarchique" du caporal-chef et le SGRS.

Les versions divergent sur le contenu de celui-ci. Un ensemble de facteurs explique les problèmes constatés: manque de personnel, rotation du personnel trop importante, perte de connaissance et d'expérience, manque de transmission d'informations, failles ponctuelles dans l'échange d'informations entre la Défense et les services de sécurité, etc.

Un autre défaut apparaît aussi, à savoir l'absence d'une politique spécifiquement dédiée à l'extrémisme au sein de la Défense. La façon dont le militaire a pu accéder à des armes au sein de la cellule de prédéploiement aux opérations à laquelle il avait été affecté, notamment des lance-roquettes, interpelle aussi. Plusieurs manquements aux règles ont été constatés. L'utilisation des roquettes n'était pas prévue pour la formation des stagiaires mais avait été commandée pour les instructeurs, le stockage des lance-roquettes ne respectait la licence de stockage et ces armes n'auraient pu rester aussi longtemps inutilisées.

Toute une série de feux oranges et puis rouges se sont allumés

Une procédure plus stricte existe mais elle n'a jamais été formalisée et donc utilisée au sein de cette cellule. Elle impose une habilitation de sécurité... En d'autres termes, Jürgen Conings n'aurait pas pu y accéder. Le rapport rappelle enfin que Jürgen Conings était suivi avec l'utilisation de méthodes particulières de recherche depuis le 25 février. Le 4 mai toutefois, le comité de pilotage du SGRS décide d'affecter ces moyens à une autre opération, alors que le militaire était classé au niveau 3 de menace. "Nous avons été aussi surpris de ce qu'on a pu lire dans ce rapport, qui était encore pire que ce qu'on pensait", a lancé Mme Dedonder.

La ministre attend encore le rapport du comité R -prévu pour début juillet- pour tirer ses conclusions définitives sur le fonctionnement du SGRS. Elle a toutefois annoncé la révision d'un certain nombre de procédures afin de revoir l'échange d'informations au sein du service, entre les services militaires et avec les services de sécurité et les autorités judiciaires.

Le militaire avait fait l'objet d'une plainte classée sans suite. Plus généralement, cette affaire pose le problème de l'extrémisme au sein de l'armée. La Défense doit actualiser son approche du phénomène qui repose sur des textes qui ne sont plus en lien avec la réalité de 2021, notamment les réseaux sociaux, a expliqué Mme Dedonder.

Le Chef de la Défense (CHOD), Michel Hofman s'est dit conscient du problème. "Nous devons y travailler, ce n'est pas propre à la Défense, d'autres services y sont confrontés et certains ont trouvé des solutions. Nous devrons nous en inspirer", a-t-il dit. "Depuis 2019, toute une série de feux oranges et puis rouges se sont allumés, et le convoi a continué son chemin jusqu'à percuter un mur", a résumé le député Christophe Lacroix (PS).

En 2017, les défaillances du SGRS pointées du doigt

Les écologistes ont épinglé un "catalogue de gaffes". Aux yeux du MR, il fait pas de doute que la direction du SGRS ne peut pas rester en place. "Comment imaginer une seconde que rien ne change à la tête de ce service?" a demandé Denis Ducarme. La recherche du fugitif a déjà coûté 650.000 euros. "Il est temps de mettre la main sur Jürgen Conings. Nous attendons des résultats", a-t-il ajouté.

En 2017, la commission d'enquête sur les attentats terroristes avait déjà pointé du doigt les défaillances du SGRS. L'affaire Conings les mettent une nouvelle fois en lumière.

"Il y a une responsabilité politique à ne pas avoir vu ça, surtout après les recommandations de la commission d'enquête", a souligné Georges Dallemagne (cdH). La N-VA a une nouvelle fois mis la ministre en garde contre toute chasse aux sorcières au sein de la Défense, visant les flamingants de droite. Si la liberté d'opinion doit être respectée, elle a ses limites, a fait remarquer Servais Verherstraeten (CD&V). Le chrétien-démocrate a visé l'extrémisme quel qu'il soit. "La liberté d'expression est importante mais si on exerce une fonction de sécurité, il y a aussi des limites à respecter. Et ceux qui ne les respectent pas, il n'y a pas de place pour eux dans les services de sécurité, et cela vaut pour l'armée".

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