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Trump a appelé à "redémarrer l'Amérique": et maintenant ?

Donald Trump a donné jeudi le coup d'envoi au "redémarrage de l'Amérique" sans fixer de cadre clair. Que va-t-il se passer maintenant dans la première puissance économique mondiale, où le coronavirus poursuit ses ravages ?

- Etat par Etat -

Le président américain caressait le rêve d'une reprise en fanfare. "Ce serait bien de redémarrer avec un Big Bang", déclarait-il encore le 8 avril. Lundi encore, il assurait disposer d'un "pouvoir absolu" qui lui aurait permis d'imposer aux gouverneurs des mesures de déconfinement.

Mais le scénario retenu n'est pas celui-là.

S'appuyant sur des signes de ralentissement de la pandémie, Donald Trump a fixé jeudi le cap mais les gouverneurs restent à la barre. Selon l'évolution du virus dans leur Etat, ce sont eux qui décideront du calendrier et du rythme du redémarrage.

D'après le milliardaire républicain, 29 Etats relativement épargnés par le virus pourraient très rapidement - voire immédiatement - lever les premières mesures de confinement.

Les premiers devraient être les Etats les plus ruraux qui ont pris des mesures assez souples, voire aucune, comme les deux Dakota, le Wyoming ou le Nebraska.

Au Nord, dans la région des Grands Lacs, plus touchée, plusieurs Etats espèrent rouvrir partiellement leur économie d'ici deux semaines. "J'espère avoir des assouplissements le 1er mai", a ainsi déclaré vendredi avec prudence la gouverneure du Michigan.

En revanche, les Etats les plus sévèrement touchés attendront. Le confinement a été prolongé jusqu'au 15 mai dans l'Etat de New York, le plus touché avec 15.000 morts, près de la moitié du bilan total.

"On n'est pas du tout prêt" pour un déconfinement, a renchéri vendredi le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, qui prévoit un "pic" des contaminations la semaine prochaine dans la région de la capitale Washington.

- Secteur par secteur -

"On a un plan pour faire redémarrer l'Ohio, mais ce sera graduel, une chose après l'autre", a tweeté de son côté le gouverneur Mike DeWine.

La Floride rouvrira certaines plages pendant quelques heures dès vendredi et les parcs et restaurants pourraient suivre prochainement

Dans l'Etat de Washington (nord-ouest), le géant de l'aéronautique Boeing compte reprendre graduellement la production la semaine prochaine.

En Californie, les restaurants pourraient rouvrir, mais avec un nombre de couverts réduit de moitié et des serveurs gantés, voire masqués.

Dans la capitale fédérale, les écoles ne rouvriront pas avant les vacances d'été, a prévenu la maire.

- Une reprise sous surveillance -

Les experts répètent qu'il faut pouvoir surveiller la résurgence du virus et réagir vite le cas échéant, ce qui passe par des capacités massives de dépistage et un programme efficace de traçage de leurs contacts.

Les Etats-Unis ont connu de gros couacs au début de la pandémie avec des tests insuffisants, mais ont déployé de gros efforts depuis. Plus de 3,4 millions de personnes ont désormais été testées.

"Les capacités restent insuffisantes", a cependant déploré le gouverneur démocrate de l'Etat de New York Andrew Cuomo.

Quant à l'identification des personnes ayant croisé les malades, des applications sur téléphones portables sont à l'étude. Mais Tom Frieden, ancien directeur des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) estime qu'il faudra recruter massivement pour avoir environ 300.000 "traceurs de contact".

"Leur travail sera un retour aux bases de la santé publique: parler aux gens, traiter les patients comme s'ils étaient des VIP, gagner leur confiance, les aider à se souvenir", a-t-il expliqué à l'AFP.

- Les enjeux -

Dès le début, Donald Trump a affiché son impatience face à des mesures de confinement qui plombent l'économie et handicapent sa campagne de réélection.

En début de mois, il souhaitait les lever pour Pâques. Il s'est ensuite ravisé, mais ne cesse de déplorer le coût pour les entreprises et les salariés de cette mise à l'arrêt de pans entiers du pays.

De fait, plus de 22 millions de personnes se sont inscrites au chômage au cours des quatre dernières semaines, les ventes au détail ont chuté de 8,7%, la construction immobilière de 22,3%...

Partout dans le pays, des manifestants, proches des partisans les plus à droite du président, se sont rassemblés ces derniers jours pour réclamer la fin du confinement. "Nous voulons travailler" ou "Vivre libre ou mourir": des centaines de personnes ont ainsi défilé dans le Michigan.

Soufflant sur les braises, Donald Trump a appelé dans des tweets vendredi à "LIBERER" le Michigan, le Minnesota et la Virgina, trois Etats gouvernés par des démocrates.

Mais selon un sondage Pew publié jeudi, deux tiers des Américains se disent inquiets d'une levée des restrictions trop rapide.

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