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Les marchés s'attendaient à d'énièmes pertes, mais Uber a dégagé un bénéfice net de 892 millions de dollars au quatrième trimestre, un signe que la rentabilité n'est plus une chimère pour le géant des locations de voitures avec chauffeurs (VTC).
La société américaine a réalisé un chiffre d'affaires de 5,8 milliards de dollars pendant la saison des fêtes, en hausse de 83% sur un an, d'après son communiqué de résultats publié mercredi.
Son titre prenait plus de 5% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.
"Uber sort renforcé de la pandémie", a déclaré Dara Khosrowshahi, le patron de l'entreprise, lors de la conférence aux analystes.
L'application compte désormais 118 millions d'"utilisateurs actifs mensuels", "plus que jamais auparavant", selon le dirigeant. Il a aussi souligné que pour l'activité de trajets avec chauffeurs, les réservations brutes (essentiellement le montant perçu avant le paiement des conducteurs) sont quasiment revenues au niveau d'avant la pandémie.
Quant au variant Omicron, il a moins joué les trouble-fêtes que prévu. "Son impact sur les trajets semble avoir été très limité dans le temps", a assuré M. Khosrowshahi.
Uber a beaucoup souffert de la chute des déplacements professionnels et personnels en 2020 et 2021, au point de devoir retarder ses objectifs en termes de rentabilité.
- "Muscle rapide" -
Le groupe californien a alors investi dans les livraisons, et cette activité est rapidement devenue plus importante que les trajets.
En tout, d'octobre à décembre, les livraisons ont rapporté 2,4 milliards de dollars à Uber (+78% sur un an), et les trajets, 2,3 milliards (+55%).
Comme beaucoup d'entreprises, Uber continue néanmoins à manquer de main-d'œuvre.
"La demande pour les livraisons comme pour les trajets est comme un muscle très rapide, alors que l'offre s'ajuste plus lentement", constate le patron.
Il a précisé que les algorithmes de la plateforme n'étaient plus séparés entre les deux activités, et proposaient désormais indifféremment aux conducteurs des livraison ou des trajets "d'une façon beaucoup plus fluide et élégante".
Sur l'année 2021, Uber est parvenu à 17,5 milliards de dollars de recette et a largement réduit ses pertes à 496 millions, au lieu des 6,8 milliards de pertes nettes en 2020.
En novembre, Dara Khosrowshahi, s'était félicité d'avoir dégagé pour la première fois un excédent brut d'exploitation (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements ou Ebitda) de 8 millions de dollars.
"Ce superbe trimestre devrait mettre fin aux nombreuses questions, pas toujours injustifiées, qui nous ont été posées sur notre modèle économique. Est-ce qu'il fonctionne? La réponse est oui", avait-il assuré.
- Le statut des chauffeurs -
Mais Uber n'a pas fini de prouver que le modèle économique qu'il a créé, celui de la "gig economy" ("économie des petits boulots"), est viable socialement.
Le statut de travailleur indépendant pour les chauffeurs, essentiel à ce modèle, est en effet remis en cause dans de nombreux pays.
Au Royaume-Uni, la Cour suprême britannique a estimé il y a un an que les conducteurs Uber n'étaient pas des auto-entrepreneurs et devaient bénéficier de droits sociaux minimums: salaire minimum et congés payés.
"Nos conducteurs reçoivent désormais des avantages financiers que nos concurrents n'ont pas à payer", s'est plaint le patron du groupe, tout en expliquant que c'était la "bonne décision", même si cela leur "coûtait cher", pour assurer leur présence dans ce pays sur le long terme.
Aux Etats-Unis, l'administration Biden a annulé en mai une réglementation adoptée par l'administration Trump rendant plus difficile pour les travailleurs des plateformes de revendiquer un statut de salarié, afin de "maintenir les droits des travailleurs à un salaire minimum et aux protections liées aux heures supplémentaires".
La bataille se joue d'abord là où est né Uber, en Californie.
L'Etat a voté une loi en 2019 les considérant comme des salariés. Uber a contre-attaqué en 2020 en faisant approuver par référendum le statut d'indépendant des chauffeurs.
Mais ce référendum a été déclaré inconstitutionnel par un juge en août dernier.
"En Californie, nous sommes sûrs de nous, mais je n'ai rien de plus à partager pour l'instant", a commenté Dara Khosrowshahi.