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Un crève-cœur pour Jean-Luc: face à la crise énergétique, ce gérant d'un magasin d'aquariophilie va devoir mettre la clé sous le paillasson

Alors que la facture énergétique continue de grimper en flèche, des indépendants continuent d'appeler à l'aide. Jean-Luc, gérant d'un magasin d'aquariophilie, ne pourra bientôt plus payer le gaz et l'électricité. A 56 ans, ce père de deux enfants se verrait contraint de mettre la clé sous le paillasson, si les circonstances actuelles perdurent à long terme.

Installé à Bouge depuis 1994, son commerce, le "New Tropical Fish Aquarium" (spécialisé notamment dans la vente d'aquariums, de poissons, de coraux et d'invertébrés) devrait fermer ses portes le 31 décembre prochain. Un crève-cœur pour Jean-Luc, passionné de pêche depuis son plus jeune âge.

"Cette passion a toujours été présente. A 5 ans, j’attrapais mon premier poisson. La pêche, c’est mon hobby. Quand je ne suis pas dans mon magasin, je suis à la pêche. Je vais tous les week-ends aux Pays-Bas et 2-3 fois par an en Irlande. En Belgique, je vais pêcher quasiment toutes les semaines à Namur. Je suis un pêcheur de carnassier. Je suis seul sur mon bateau", confie-t-il.

Ancien employé dans l'entreprise Kraft, il a réalisé un de ses objectifs de vie en ouvrant ce magasin d’aquariophilie sur une surface de 250 m². 

"Il y a encore quelques années, on faisait la file pour rentrer dans le magasin. Le samedi, on avait des files de 10-15-20 mètres derrière. Ils attendaient pour rentrer à l’ouverture du magasin. Quand on faisait des portes ouvertes, on faisait des chiffres incroyables. On avait un monde de fou. Malheureusement, des magasins comme le mien se font de plus en plus rares", se souvient-il.

Avec la concurrence des grandes enseignes d'animaleries et des ventes d'articles en ligne, Jean-Luc compte depuis quelques années sur sa clientèle fidèle pour maintenir son activité. "Avant 5 personnes travaillaient pour moi. Maintenant, je suis tout seul", dit-il.

La boule au ventre, il raconte comment son commerce a été petit à petit mis en péril. 

"Déjà à cause du covid. Avec toutes les pénibilités qu’on a connues durant la crise sanitaire. Cela a commencé avec la fermeture obligatoire et les queues de cerise reçues en dédommagement. Cela ne suffisait même pas à payer un prêt. On a vidé nos stocks et nos réserves d’argent", souligne-t-il. 

Et d'ajouter: "Beaucoup de gens se sont tournés vers Internet et ont trouvé des alternatives. Malheureusement, vu la concurrence qu’il y a sur Internet, on ne sait pas s’aligner sur ces prix-là. On a eu un petit rebond au niveau des ventes au début de la fin des mesures covid, mais pour le moment, c’est catastrophique."

Moins on consomme plus on paie

Pour lui, la crise énergétique actuelle est "la cerise sur le gâteau". 

"C’est le couperet qui tombe. La fin des haricots. Quand vous payez votre énergie plus cher que votre loyer, il faut se poser à un moment donné les bonnes questions. Cela va s’arrêter quand ? Quand vous passez d’une facture de gaz de 200 euros par mois à 1.200 euros d’acomptes…rien que pour du gaz... C’est de la folie", fustige-t-il.

"On ne sait pas si on doit prendre un contrat fixe ou variable, et on entend que ça pourrait être pire que 5 fois le prix qu’on payait il y a deux ans. Pour l’électricité, je passe d’un acompte de 400 à 890 euros. J’ai réduit ma consommation énergétique par 5 en même pas 10 ans, mais je paie 10 fois plus cher qu’il y a 5 ans. Je divise ma consommation et je paie plus cher, ce n’est pas normal. On demande aux gens de faire des efforts au niveau de la consommation mais pourquoi faire ? Moins on consomme plus on paie", conclut-il, dépité.


  

8 indépendants sur 10 demandent un tarif spécial

Face à la flambée des prix de l'énergie, 8 indépendants sur 10 réclament par ailleurs un tarif spécial afin de pouvoir continuer à pratiquer leur activité professionnelle, ressort-il d'une enquête réalisée par le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) et publiée le 15 mai dernier.

Quelque 523 indépendants ont participé à ce sondage sur la question de l'énergie; nombre d'entre eux s'inquiètent de la flambée des prix. 

Concrètement, pour 1 commerçant sur 10 (12%), la facture a augmenté d'au moins 100%. Pour 9% d'entre eux, elle a même bondi de plus de 200% voire plus de 300% pour 7,3% des sondés, s'alarme le SNI. Et dans divers secteurs la facture a déjà grimpé de 50%. "Pour l'horeca, cette proportion est de 46%... tandis que dans le secteur agricole, 1 répondant sur 5 (21%) dit être confronté à une facture de plus de 300%", illustre le syndicat. En fin de compte, les indépendants et les PME se sentent oubliés et discriminés par rapport aux particuliers, résume l'enquête.

"De plus en plus d'indépendants comme, par exemple, les exploitants de wellness, ont besoin de beaucoup d'énergie pour assurer leurs activités et vu le contexte, ils doivent fermer leurs portes, temporairement ou non, parce que leur marge a complètement disparu. Cela provoque des situations de détresse. Le gouvernement ne semble toujours pas se rendre compte du nombre d'emplois en jeu... ", ajoute encore le syndicat. 

Ce dernier souhaite, dès lors, que les autorités travaillent d'urgence sur des mesures structurelles qui aideront les indépendants à survivre: "Il est grand temps de s'attaquer à la racine de ces problèmes et de proposer des mesures fondées telles que des mesures fiscales et/ou des chèques temporaires comme ceux destinés aux personnes privées, qui vont pouvoir soulager de façon efficace". 

Le SNI demande, par ailleurs, une meilleure communication sur les moyens d'économiser l'énergie.

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