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Les poids lourds sillonnaient la France pour collecter l'argent généré par des trafiquants de drogue avant de l'acheminer au Maroc via l'Espagne: un vaste réseau, qui blanchissait environ 90 millions d'euros par an, a été démantelé début novembre, a annoncé vendredi la gendarmerie française.
Au total, les sections de recherches de Lyon, Chambéry, Nîmes et Montpellier, appuyées par une unité d'Europol spécialisée dans la traque du blanchiment, ont arrêté 18 personnes et saisi 4 millions d'avoirs criminels (espèces, appartements, camions, voitures, comptes bancaires), a détaillé la gendarmerie dans un communiqué.
37 kilos de cannabis
Quatorze d'entre elles ont été placées en détention provisoire et quatre sous contrôle judiciaire dans une instruction menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon (centre-est), chargée des dossiers de grande criminalité organisée. Les enquêteurs ont estimé que le réseau pouvait blanchir jusqu'à 90 millions d'euros chaque année, pour être notamment réinvesti dans l'immobilier au Maroc.
Quelque 37 kilos de cannabis, 5 kilos de cocaïne, deux fusils de chasse et un pistolet automatique ont également été trouvés lors des perquisitions. L'affaire, baptisée "Cash Collect" par les enquêteurs, a débuté en 2018 grâce à un tuyau de la section de recherches (SR) de Lyon.
Une transaction en 10 minutes seulement
Après plusieurs surveillances, les gendarmes lyonnais ont découvert qu'une flotte d'une quinzaine de poids lourds immatriculés au Maroc servait au transport de marchandises mais aussi de l'argent sale de trafiquants de drogue connus de leurs services.
"L'argent était dans des cabas de supermarchés, bien empaqueté en liasses avec un carnet de compte dans la cabine du conducteur, sans cache", a expliqué le commandant de la SR de Lyon, le colonel Laurent Lesaffre, à l'AFP. Si la remise d'argent se déroulait en général en "dix minutes", certains camions faisaient parfois "des pauses de 24h" sur les sites de collecte ce qui est "étonnant pour quelqu'un qui transporte des marchandises", a relevé le colonel.
L'argent était aussi convoyé dans des voitures. C'est en interceptant l'une d'elles en septembre 2019 au péage du Boulou, avant de passer la frontière franco-espagnole, que les enquêteurs ont interpellé un conducteur avec "plus de deux millions d'euros en liquide dans des sacs posés dans son coffre", a ajouté le colonel Lesaffre.
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