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Un généraliste en pleine "désertification médicale"... à Paris

À peine ses consultations sont-elles ouvertes que la salle d'attente du Dr Richard Handschuh se remplit: il faut être patient pour avoir une chance de consulter l'un des derniers médecins recevant sans rendez-vous dans ce quartier populaire de Paris.

Malgré ses 68 ans, ce généraliste continue d'exercer pour les 1.200 patients dont il est le médecin traitant.

Contre toute attente, le XXe arrondissement de Paris, où il est installé et qui compte parmi les plus peuplés de la capitale, rencontre de grandes difficultés dans l'offre de soins.

Si les praticiens sont nombreux au kilomètre carré, c'est la faible quantité de médecins rapportée à la population qui vaut à la région Île-de-France le qualificatif de "premier désert médical de France métropolitaine", selon l'URPS (Union régionale des professions de santé) médecins libéraux.

Selon un arrêté publié en octobre par le ministère de la Santé, 62,4% des Franciliens, soit environ 7,5 millions d'habitants, vivent dans une "zone prioritaire" où la pénurie de médecins est la plus marquée.

S'y ajoutent 4,2 millions d'habitants (33,9% de la population) domiciliés en "zone fragile", où "il n'y a également pas le nombre de médecins et de soignants nécessaires pour accéder correctement aux soins", selon Valérie Briole, présidente de l'URPS médecins libéraux Île-de-France.

Selon les chiffres de cette association, en dix ans la région a perdu 3.742 médecins libéraux dont 1.821 généralistes. Ainsi que 28% de ses dermatologues, 26% de ses gynécologues, 22% de ses ophtalmologues et de ses rhumatologues.

L'agence régionale de santé (ARS) Île de France doit documenter l'ampleur du phénomène par la publication d'un zonage des territoires les plus en difficulté à la fin du mois de mars. Le XXe arrondissement pourrait alors passer de "zone fragile" à "désert médical".

- "Un grand vide" -

Dans ces circonstances, le Dr Handschuh a renoncé à dévisser sa plaque et envisage son départ avec inquiétude.

"Même si un jour, dans les années qui viennent, je suis épuisé et je n'ai plus l'énergie de poursuivre mon travail, ce sera très compliqué parce que je ne sais pas ce que vont devenir mes malades", confie-t-il à l'AFP. "Je ne me sens pas légitime à interrompre mon activité, à cause de la désertification médicale actuelle".

Installé dans le quartier de la porte de Bagnolet depuis 43 ans, le médecin défend une approche de son métier "à l'ancienne" mais ne se leurre pas sur l'attractivité de sa situation pour les nouvelles générations.

"Dans mon cabinet, j'ouvre la porte tout seul, je reçois les malades tout seul, je fais les courriers tout seul et je fais le suivi tout seul. Ce n'est plus aujourd'hui ce que souhaitent les jeunes médecins. Un cabinet d'un médecin seul, a priori, ne trouvera pas de repreneur", explique-t-il avec regret.

À Paris, la reprise d'un cabinet présente également "le double handicap du prix et de la disponibilité des locaux", commente le Dr Handschuh.

Il estime que le salut de la médecine de ville passera par la création de "maisons médicales pluri-professionnelles".

Sacha Sittler, un interne de 24 ans qui effectue son stage auprès du praticien et souhaite à son tour devenir généraliste, rejoint son tuteur sur ce point.

"C'est super pour les patients, et puis pour la solitude aussi, c'est largement mieux de voir des gens autres que les patients, des collègues", fait-il valoir.

Certains patients du Dr Handschuh appréhendent déjà sa cessation d'activité, même si elle n'est pas pour demain. Sans parler de la difficulté à trouver un nouveau médecin traitant, son départ créera un "grand vide", soupire Sarah, une quadragénaire, au moment d'entrer en consultation. "Il fait partie de la famille!"

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