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Un millier de migrants évacués de deux campements à Paris

Un millier de personnes ont été évacuées lundi matin des deux derniers grands campements insalubres de migrants qui restaient à Paris, cinq jours après une opération du même type dans le nord-est de la capitale.

"973 personnes qui occupaient plusieurs campements de voie publique situés canal Saint-Martin (10e) et Porte des Poissonniers (18e) ont été mises à l'abri" dont "58 personnes vulnérables (couples, femmes isolées, familles, mineurs isolés)" a indiqué la préfecture de région dans un communiqué.

L'opération avait débuté dans le calme aux alentours de 06H30 sur le campement du canal Saint-Martin, où environ 550 personnes avaient été recensées avant le week-end, notamment des personnes originaires d’Afghanistan, a constaté une journaliste de l'AFP.

Yahye, un Soudanais qui s'est vu refuser une demande d'asile, dormait au bord du canal depuis deux mois et attendait lundi matin les bus qui doivent l'amener "vers un campement, une maison, un stade": il ne sait pas exactement où, mais "ce sera mieux qu'ici".

"On nous dit qu'on pourra rester dans les hébergements pas très longtemps, et qu'on aura trois repas par jour. Tant mieux, ici la vie était très, très difficile", assurait Souleimane, bonnet rasta enfoncé sur ses dreadlocks.

La seconde évacuation avait lieu porte des Poissonniers, près de la porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, où quelque 450 personnes étaient installées.

A l'issue des deux opérations, les migrants seront mis à l’abri et feront l'objet d’un "examen complet et approfondi" de leur situation administrative par les services de l’État, selon la préfecture.

Une quinzaine de bus avaient été mobilisés et 1.200 places d'hébergement réservées en gymnase pour accueillir les migrants.

Cette opération, la 36e organisée dans la capitale depuis trois ans, intervient moins d'une semaine après l'évacuation du plus gros campement de Paris, celui dit du Millénaire, près de la porte de la Villette. Un millier de personnes avaient alors été acheminées dans des structures d'accueil.

- Bataille politique -

La situation sur ces campements suscitait depuis plusieurs semaines des inquiétudes croissantes, sur fond d'insalubrité et de tensions. En mai, un migrant était mort noyé dans le canal Saint-Martin et une violente rixe avait fait un blessé grave au "Millénaire".

Cette évacuation "est un soulagement pour nous, on la demandait depuis longtemps", a déclaré à l'AFP Ian Brossat, adjoint communiste de la maire de Paris, en appelant à "des solutions plus pérennes" avec la réouverture "d'un centre de premier accueil". "Le gouvernement fait la sourde oreille pour le moment" mais "il n'y a pas d'autre solution" pour empêcher les campements de se reconstituer, a-t-il assuré.

La gestion des migrants à Paris est en effet au coeur d'une bataille politique entre l'exécutif et la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Après les gymnases, les migrants devaient être réorientés vers des structures adaptées à leur situation administrative: demandeurs d'asile, primo-arrivants, ou "dublinés" déjà enregistrés dans un autre pays d'Europe où ils sont susceptibles d'être renvoyés.

"C'est bien que les gens soient hébergés. Mais on redoute que beaucoup se retrouvent en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr). Beaucoup sont +dublinés+ et on sent une volonté de les renvoyer", témoignait Yann Manzi, de l'association Utopia56.

Cette opération intervient alors que le projet de loi de Gérard Collomb durcissant les conditions d'asile et d'immigration a commencé à être examiné par la commission des lois du Sénat.

En présentant ce projet, très critiqué par les associations, le ministre de l'Intérieur a récemment créé une polémique en assurant que les migrants faisaient du "benchmarking" en comparant les législations plus ou moins souples des pays européens.

Près d'une soixantaine de migrants sont morts depuis samedi soir au large de la Tunisie et de la Turquie en tentant de rejoindre l'Europe, au moment où le nouveau ministre de l'Intérieur italien a martelé son discours anti-immigration. Et près de cinquante corps ont été repêchés au large des côtes tunisiennes au cours du week-end, dans le plus meurtrier naufrage de migrants en Méditerranée depuis le 2 février.

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