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"Evadez-vous près de chez vous". Epidémie oblige, les vacances d'été des Français seront tricolores et inspirées par un besoin de "vert": l'occasion de faire émerger un tourisme plus "durable" mais aussi plus numérique, pour certains acteurs.
C'est seulement le 14 mai que le gouvernement a donné son feu vert aux réservations "en métropole et en Outre-mer" pour juillet et août, dégageant quelque peu l'horizon d'un secteur du tourisme sinistré par le confinement et la fermeture des frontières.
Et même si l'Italie a annoncé ce weekend qu'elle rouvrirait ses frontières début juin aux touristes européens, une grande majorité des Français ne devraient pas s'éloigner.
C'est l'occasion "de faire prendre conscience de la richesse de l'offre touristique française", dit à l'AFP Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat en charge du Tourisme.
Offices du tourisme et sites touristiques ont capté les attentes des futurs vacanciers: appel de la nature, envie de grands espaces et d'espace tout court, pour fuir la promiscuité.
- "Iode et oxygène" -
"Vous rêviez de Venise? Evadez-vous près de chez vous", clame la Vendée. Le Parc des Ecrins promet "une nature préservée" et un "tourisme bienveillant", tandis que la ville d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques) vante "iode et oxygène".
Immergés dans la nature, les campings haut de gamme Huttopia devraient faire le plein: quasi à l'arrêt, les réservations ont été multipliées par cinq comparé à la semaine d'avant, et les visites du site web ont bondi, depuis les annonces d'Edouard Philippe le 14 mai.
"Les gens ont besoin de respirer, de faire des balades, d'avoir de l'espace, ils se disent que c'est l'année ou jamais pour faire du camping: c'est l'occasion de vivre une petite aventure sans partir loin de chez soi", estime sa directrice générale Céline Bossanne.
"Ce qui marche très bien, ce sont nos hébergements en toile et bois, qui offrent une vraie déconnexion, un dépaysement total, tout en apportant un certain confort", dit-elle.
Sur Airbnb, les recherches de locations en France représentent depuis le 11 mai, début du déconfinement, 85% des recherches des utilisateurs français, en quête de "séjours au grand air en famille ou entre amis, près de chez eux", dit la plateforme.
La crise sanitaire "peut être une bonne fenêtre d'opportunité pour une prise de conscience" sur le respect de l'environnement, juge Jean-Baptiste Lemoyne.
Mais pour instaurer un véritable tourisme "durable", il faut "faire un bilan des gaz à effet de serre émis par l'activité tourisme, puis fixer un objectif de réduction et déterminer quels outils mettre en place pour décarboner", juge-t-il, tels qu'un "classement à étoiles vertes".
La Caisse des dépôts et Bpifrance ont annoncé que les critères environnementaux et numériques seront décisifs dans l'octroi de leurs prêts et investissements pour relancer le secteur du tourisme.
Cette crise doit "permettre aux entreprises qui ont été fragilisées de se réinventer dans le tourisme français du futur", dit à l'AFP Nicolas Dufourq, directeur général de Bpifrance.
Ainsi faute d'évènements culturels à promouvoir, et avec des recettes de visites guidées en chute libre - il ne pourra plus y avoir que 9 participants à une visite guidée, afin de préserver la distanciation sociale, contre 25 avant la crise sanitaire - les offices du tourisme de la métropole de Lille misent-ils désormais sur le numérique.
"Nous avons digitalisé 11 parcours dans la ville de Roubaix, disponibles sur l'application Cirkwi début juin, des balades axées sur le patrimoine industriel autour du musée de la Piscine, l'art déco, le street art et aussi la ville verte: nous avons l'Eurovélo route le long du canal et le parc Barbieux", explique Loïc Trinel, directeur de l'office du tourisme de la ville.
Début juillet, des balades seront proposées dans toute la métropole ainsi que du "geo catching" -une chasse aux trésors à l'aide d'un GPS ou d'une application sur smartphone- sur le thème de la ville.
"Quelque chose va changer dans le tourisme, avec le fait de redécouvrir sa ville autrement. Ça nous a obligés à nous questionner, à enrichir notre offre", dit M. Trinel. "Demain nos outils seront différents parce qu'on aura testé de nouvelles choses".