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Valérie Bacot n'avait d'autre "échappatoire" que de tuer son mari proxénète, selon des experts

Valérie Bacot, jugée pour avoir assassiné son mari violent et proxénète, n'avait "aucune échappatoire" si ce n'est de le tuer pour échapper à son emprise et l'empêcher de s'en prendre à leur fille, selon des experts.

"Aucune échappatoire n'est laissée au sujet aliéné. La seule possibilité est de détruire le sujet aliénant", a déclaré devant la cour d'assises de Saône-et-Loire Denis Prieur, expert psychiatre qui a entendu l'accusée après l'assassinat de son mari Daniel Polette, le 13 mars 2016, alors âgé de 61 ans.

Valérie Bacot, 35 ans à l'époque, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Décrivant un "syndrome de la femme battue", le médecin a souligné qu'elle était une "marionnette dans les mains de son mari". "Soumise à l'emprise totalitaire de ce tyran domestique", qui l'a violée dès l'âge de 12-13 ans, quand il était son beau-père.

Elle s'est "trouvée enfermée, emprisonnée dans l'emprise de son mari totalitaire". Une emprise "dominante" et surtout "permanente", explique l'expert.

"Elle n'avait plus réellement de libre arbitre: elle a peur car son mari était toujours dans sa tête. Elle était toujours terrorisée et restait avec les diktats de son mari. L'emprise est permanente, pas seulement quand il est présent", indique-t-il.

De ce fait, "elle n'avait pas la possibilité du recours à la loi": "il n'y a plus d'autre possibilité que de le faire disparaître", ajoute le psychiatre.

Mardi durant les débats, l'avocat général, Éric Jallet, avait considéré au contraire qu'il y avait "d'autres solutions que de tuer un homme", comme de porter plainte.

- Syndrome de Stockholm -

"Elle sait très bien ce qui va se passer" si elle le fait, a estimé jeudi M. Prieur, qui rappelle les menaces de mort que Valérie Bacot a subies de son mari. "Il est tout le temps présent, même quand il n'est pas là", ce qui pousse Valérie Bacot dans une "impuissance acquise".

Porter plainte n'était "pas possible", renchérit Laurence François, psychologue qui a également rencontré à plusieurs reprises Mme Bacot.

"Elle était surveillée en permanence (...) C'était le règne de la terreur", rappelle-t-elle, évoquant un "syndrome de Stockholm" où on "finit par tolérer et même s'attacher" à son bourreau.

"C'est une peur gelée, une forme d'autodéfense pour ne pas s'effondrer", explique la psychologue.

Évoquant le premier viol de Mme Bacot par Daniel Polette, alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente, l'experte rappelle qu'elle s'était "débattue et avait eu mal: elle a donc compris que, si elle ne se débattait pas, elle aurait moins mal".

"C'est le syndrome victimaire: on trouve un compromis d'acceptation pour ne pas avoir encore pire", dit Mme François.

Pour que Mme Bacot tue son mari, il aura fallu "le déclic", selon M. Prieur: il intervient quand sa fille Karline, à 14 ans, lui confesse que son père (Daniel Polette) lui demande comment elle est "sexuellement".

Selon Mme François, Mme Bacot s'est alors dit "qu'il allait s'attaquer à elle". "Cela a été un électrochoc", estime l'experte.

Le procès, à Chalon-sur-Saône, est prévu jusqu'à vendredi.

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