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Drapeaux vénézuéliens, pancartes et slogans réclamant "justice": massées dans les rues de Caracas, des centaines de personnes ont accompagné mercredi la dépouille de l’opposant Fernando Alban, mort alors qu'il était en prison, un suicide selon les autorités, un assassinat pour l'opposition.
Partie de l'université centrale du Venezuela, où avait été aménagée une chapelle ardente pour la veillée funèbre, la foule a suivi le corbillard et parcouru plusieurs kilomètres.
Fernando Alban a ensuite été inhumé dans un cimetière de l'est de la capitale.
"La dictature de Maduro, c'est la +mort+", pouvait-on lire sur une pancarte au coeur de la procession funèbre. "Justice !", réclamait une autre.
Jugé "suspect" par la communauté internationale, le décès en prison lundi de cet homme de 52 ans, conseiller municipal d'un arrondissement de Caracas, a suscité de nombreuses réactions et demandes d'enquête indépendante, de l'ONU à l'Union européenne en passant par l'Organisation des États américains.
Fernando Alban avait été emprisonné vendredi 5 octobre, accusé d'avoir participé à une attaque présumée aux drones explosifs contre le président Nicolas Maduro en août.
Lundi, il "a demandé à aller aux toilettes et une fois là-bas, il s'est jeté dans le vide depuis le dixième étage", a affirmé le procureur général Tarek William Saab, qui a annoncé une enquête approfondie.
Mercredi, Tarek William Saab, un proche du camp au pouvoir, a de nouveau écarté la thèse de l'assassinat.
"Il est mort à cause d'un coup lié à une chute (...), il n'y avait pas de preuves de maltraitances antérieures à cette chute", a déclaré à la presse le procureur général, lisant des passages du rapport d'autopsie.
Mais selon des membres de l'opposition, et notamment Julio Borges, fondateur de Primero Justicia exilé en Colombie, le corps de Fernando Alban "a été lancé sans vie depuis l'immeuble".
Le président de l'Assemblée constituante et numéro deux du pouvoir chaviste, Diosdado Cabello, a lui dénoncé le "show" de l'opposition.
"Ils veulent faire du spectacle" avec la mort de Fernando Alban, car ils "croient qu'avec ça ils feront tomber Nicolas Maduro", mais "ils n'y arriveront pas", a-t-il déclaré à la télévision.
Les Etats-Unis ont de leur côté condamné "l'implication du régime de Maduro dans la mort du conseiller municipal appartenant à l'opposition vénézuélienne Fernando Alban", selon un communiqué de la Maison Blanche.
Le groupe de Lima a également demandé au gouvernement vénézuélien de mener une enquête "indépendante entérinée internationalement", selon un communiqué signé par 11 des 14 pays américains membres de ce groupe créé en 2017 pour aider à résoudre la crise au Venezuela.
Le pouvoir chaviste affirme que Nicolas Maduro a été visé par un attentat le 4 août à Caracas, menée avec deux drones chargés d'explosif. L'opposition dénonce une mise en scène et conteste la version des autorités.
Une trentaine de personnes, dont des militaires en activité, ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire.
L'ONG Foro Penal décompte quelque 236 "prisonniers politiques" au Venezuela.