Partager:
Une vingtaine de ministres des Finances se sont réunis jeudi à Washington pour évoquer un futur soutien économique au Venezuela même si, jusqu'ici, toute action de la Banque mondiale et du FMI se heurte à l'absence de reconnaissance d'un nouveau régime à Caracas.
A l'initiative des Etats-Unis, les ministres de l'Argentine, du Brésil, du Mexique, de l'Espagne, du Japon, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France notamment ont examiné jeudi les mesures prises pour accroître la pression financière sur le régime de Nicolas Maduro et celles visant à soutenir le président par intérim Juan Guaido, a indiqué le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin dans un communiqué.
Cette discussion a eu lieu en présence de Ricardo Hausmann, principal conseiller économique de l'opposant M. Guaido. Ce dernier s'est autoproclamé président par intérim et a été reconnu par une cinquantaine de pays mais pas encore par les institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Au cours des réunions de printemps de la Banque et du Fonds à Washington, ces institutions se sont dites prêtes à intervenir pour aider le Venezuela qui affronte une véritable "crise humanitaire", selon les mots du nouveau président de la Banque mondiale David Malpass, mais elles ne peuvent passer immédiatement à l'action faute d'une reconnaissance légitime d'un président.
Steven Mnuchin a indiqué que, lors de la réunion, les ministres avaient "décidé de soutenir l'engagement ferme des institutions financières internationales à aider le gouvernement (...) de M. Guaido, dans la préparation des prochaines élections".
"Nous continuerons de soutenir dès que possible le Venezuela dans sa transition vers un gouvernement légitime", ont ajouté les ministres, selon le Trésor.
Juan Guaido a été reconnu notamment par les Etats-Unis, les pays de l'Union européenne et le Brésil. Nicolas Maduro a toujours le soutien de la Chine et de la Russie.
- Crise humanitaire -
La question de la reconnaissance "n'est pas décidée par la Banque mais par ses actionnaires", a déclaré M. Malpass.
"Nous attendons d'être guidés par nos pays membres et je sais que c'est un processus qui est en cours au sein de certains membres au moment où nous parlons", a déclaré Christine Lagarde, directrice générale du FMI, au cours d'une conférence de presse distincte.
Les deux responsables se sont dits particulièrement préoccupés par la crise humanitaire qui frappe le pays.
"Les habitants n'ont plus la capacité de se nourrir eux-mêmes ou leurs familles", a déploré M. Malpass.
"Nous n'avons pas d'informations provenant directement du Venezuela car nous sommes persona non grata mais nous entendons suffisamment de choses de nos collègues colombiens et amis dans la région qui reçoivent des flots de réfugiés", a souligné la patronne du FMI.
Pour autant, le FMI suit ses membres. "C'est à eux d'indiquer quelle autorité ils reconnaissent diplomatiquement de façon à ce que nous puissions agir", a insisté Mme Lagarde. "Dès qu'ils l'auront fait, nous agirons".
Elle a par ailleurs estimé que l'effort devrait être lancé sur tous les fronts et devrait être multiforme "étant donné le degré de la crise humanitaire et la crise économique majeure".
David Malpass a également souligné que la Banque allait "agir" pour aider le Venezuela et qu'elle "se préparait pour cela".
Pays producteur de pétrole, le Venezuela devrait faire son entrée en 2019 parmi les pays en "crise alimentaire aiguë", selon un expert de l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé jeudi le triplement de son budget dédié au Venezuela, à 24,6 millions de francs suisses (21,8 millions d'euros) pour intensifier ses activités.
Le vice-président américain Mike Pence a demandé mercredi à l'ONU de reconnaître l'opposant Juan Guaido comme étant le dirigeant du Venezuela et a réclamé le départ de Nicolas Maduro, s'attirant aussitôt les foudres de la Russie qui a dénoncé des "ingérences" destinées "à renverser son régime".