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'Les promesses de l'ombre', la noirceur de la mafia russe vue par Cronenberg

Le Canadien David Cronenberg revitalise le film noir avec une sidérante plongée dans le monde souterrain, brutal et codifié des vori v\'zakone, la mafia russe qui infeste Londres dans son film \"Les promesses de l\'ombre\", qui a remporté le prix du public au festival de Toronto.

Dans un grand hôpital de la capitale britannique, Anna (Naomi Watts), une sage-femme d\'origine russe, aide à mettre au monde une petite fille dont la mère, tout juste adolescente, expire sous ses yeux.

Dans l\'espoir d\'établir l\'identité de la défunte, Anna s\'empare de son journal intime, rédigé en russe, et le fait traduire à son oncle.

Elle vient, à son insu, de briser l\'un des secrets du clan de Semyon (Armin Mueller-Stahl), propriétaire d\'un luxueux restaurant russe de Londres, mais aussi chef d\'une redoutable organisation criminelle, les vori v\'zakone.

Déjà aux prises avec une guerre intestine, le fils de Semyon, Kirill (Vincent Cassel) et son homme de main Nikolaï (Viggo Mortensen) vont tenter, par tous les moyens, de récupérer le journal.

\"Les promesses de l\'ombre\" dépeint de façon saisissante une organisation mafieuse de petite taille mais d\'une extrême brutalité, qui a prospéré sur les ruines de l\'Union soviétique avant de s\'implanter dans une grande capitale européenne, où elle prospère en toute discrétion.

A sa tête, une famille de \"nouveaux riches russes\", dont les activités légales ne sont qu\'un paravent pour toutes sortes de trafics - d\'armes, de matières premières, de drogues ou d\'êtres humains.

Cet univers parallèle est régi par des règles d\'allégeance et des codes sophistiqués, en particulier des tatouages hérités de l\'univers carcéral.

Après \"A History of Violence\", \"eXistenZ\", \"Chromosome 3\" ou \"La Mouche\", David Cronenberg s\'entoure à nouveau de ses fidèles collaborateurs, le compositeur Howard Shore, le directeur de la photographie Peter Suschitzky et la décoratrice Carol Spier, pour signer ce thriller brillant et corsé.

Bien écrit, \"Les promesses de l\'ombre\" tient le spectateur en haleine, en partie grâce à des acteurs irréprochables, en particulier Naomi Watts et Viggo Mortensen, déjà dirigé par Cronenberg dans \"A History of Violence\", ici remarquable de finesse sous la brutalité apparente.

L\'un des mérites du film -grâce aux recherches pointues effectuées par le scénariste Steve Knight- est de dépeindre avec une crédibilité égale la vie d\'une famille immigrée russe ordinaire et celle de criminels d\'une violence inouïe, puis de basculer sans crier gare de l\'une à l\'autre.

\"C\'est une histoire de gangsters et de criminalité. Pour eux, la violence est un mode de vie\", avait affirmé Cronenberg lors de la présentation du film à Saint-Sebastien (nord-ouest de l\'Espagne). \"Je voulais que le public comprenne ce que représente physiquement la violence\".

\"Les promesses de l\'ombre\" dépeint \"une nouvelle Russie porteuse d\'un capitalisme très brutal qui montre ce qu\'était le capitalisme à l\'origine avant son évolution sophistiquée. Je suis sûr que le président Poutine va beaucoup l\'apprécier!\", avait-il lancé.

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